Le scénario : zéro ! Le jeu d’acteur : monstrueux ! Le message : néant ! Regoregitated sacrifice se plante direct comme une œuvre trash totalement gratuite, qui ne peut donc être vu que pour les visions dérangées de son auteur (beaucoup de portraits sont fait du réalisateur, du frère incestueux au satanique obsédé sexuel, donc dans tous les cas, un voisin de palier calme et réservé). Mais si le film aligne clairement les scènes trash à la suite (il ne cesse de nous présenter des épaves féminines, femmes accros à la souffrance, réduites à l’état de loques ou provocatrices à l’excès (toutes sont des actrices porno, ça va sans dire)), il tente de soigner son esthétique en faisant passer ça pour un film expérimental (rires !). Si aucune expérimentation sérieuse n’est faite (aucune symbolique ici, c’est l’étalage de la crasse humaine pendant la présentation des personnages, et l’étalage de ce qu’ils ont à l’intérieur par la suite), le réalisateur parvient quand même à créer une atmosphère étrange, tellement repoussante qu’on en vient à apprécier certains détails. Certains flous sont beaux, les plans au ras du sol créent une étrange impression, certaines visions monstrueusement gores marquent l’esprit (la scène de séparation des jumelles, complètement là pour juste couper des crânes, est un régal, au sein d’un enfer immaculé vraiment agressif (c’est cheap et payant), ou encore celle du carnage sur le lit blanc, semblant sorti tout droit d’un Hellraiser décomplexé et profondément malade. Il y a une telle volonté jusqu’auboutiste dans ce film qu’il y a des moments où le malaise réside clairement dans l’ambigüité, le spectateur ne sachant plus vraiment ce qu’il est entrain de regarder. Beaucoup d’actrices porno se mettent à chialer sur leur vie, à nous balancer toute la merde de leur existence pendant que le caméraman (probablement le réalisateur) les brutalise. Cette vision, tellement primaire et tellement cheap (on oscille entre porno amateur et gore fauché), parvient à supplanter beaucoup de scènes d’enfer, en montrant des âmes en loques réduites à l’état d’objets. Le souci vient plutôt des réflexions qui suivent. Le film faisant une heure, il arrive un moment où on se dit que payer des prostituées (pardon, des actrices porno) pour tourner ce genre de truc, c’est quand même humiliant, humainement parlant. De constater que des gens acceptent de l’argent pour faire ça, c’est révulsant (si encore il s’agissait d’une réunion de déchets humains qui tenteraient de donner un sens à leur vie en tournant un film, je ne dirai pas, mais là, c’est pour de l’argent). Et régulièrement, si je trouve quelques moments de beauté au milieu du carnage, l’esthétique du film est sabotée par les délires de son auteur, qui cache de moins en moins ses déviances.

La scène gore sur le lit blanc est excellente (en terme d’intensité, j’entends), puis d’un coup le réalisateur arrive et se met à vomir sur le corps de la ratatouille. Et régulièrement, le vomi revient, alors qu’il est complètement inutile et moche (et que les actrices n’aiment pas, on devine leurs grimaces de dégoût), ruinant complètement le potentiel de certaines scènes (bon, ça donne souvent dans le porno entre filles, mais l’enfer est le lieu de tous les excès). A vrai dire, je crois que le réalisateur se prend un peu pour le Diable dans ses films, ce qui me fait bien rire tant son œuvre est caricaturale. En guise de blasphème, on aura juste nos envoyées démoniaques qui portent des pendentifs en croix, et un type à lunettes qui vient régulièrement vomir un peu sur la scène qu’il est en train de filmer, pour le jeu de lumière sans doute. Impossible de ne pas rire quand il commence à se coiffer d’un poulpe et à se faire vomir en suçant ses tentacules. Et je suis sûr qu’il a cru dans sa tête avoir mis en scène des symboliques blasphématoires. Bref, Lucifer Valentine est un humain qui se prend pour un démon et qui tente de faire passer pour de l’art ses fantasmes tournant autour des fluides corporels. Mais son œuvre étant détrônée en dégueulasserie par n’importe quelle scène de sodomie amateur ou par la fameuse 2 girls 1 cup, on conclura facilement sur l’utilité de cette saga. Un petit potentiel qui pourrait être appréciable si il était maîtrisé (mais bon, reconnaissons lui quand même qu’il est le premier à oser faire dégueuler ses actrices sur le public qui les regarde).
Voracinéphile
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le 14 sept. 2013

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