Plus efficace que des manifestations d’écologistes, Rembrandt fait un peu cogiter. Phénomène déjà bien courant dans le monde de l’art. Certaines œuvres se voient être infestés par des champignons ou de la moisissure. Cependant, peu de preuves dénombrent des traces radioactives d’un autre temps... Ici, c’est Rembrandt qui en prend pour son grade, en étant un porte-drapeau pour le rôle de Camille Cottin. Plutôt qu’un Picasso ou d’un Matisse, ici, Paul Schoeller se sert du style sombre de l'artiste pour nous plonger dans un drame oscillant entre lumière et obscurité, à l’image des œuvres du peintre.
Loin d’être un biopic sur le néerlandais, ce film, entre mysticisme, recherches scientifiques et trémolos professionnel post relationnel, veut répondre à la question : comment concevoir des centrales nucléaires capables de fonctionner pendant 50 à 60 ans dans un contexte de dérèglement climatique et d’événements météorologiques imprévisibles mais surtout désormais inévitables ? C’est un thriller qui questionne sur le temps qu’il nous reste, sur les possibilités d’action et de réaction. La petite réunion fait peser les consciences et s’échauffer les voix.
Énergie décarbonée, le nucléaire se portraitise comme source de progrès avant d’être diluée sous le regard de Camille Cottin en donneuse d’alerte. Aux épaules solides, c’est elle qui porte le film d’une force maître. Cependant, le thème du "on ne nous dit pas tout" qui flotte en omniprésence dans cette réalisation est, au bout d’un moment, un peu frustrant. Même si l’éclosion de la bulle de mystère à la dernière minute du film sauve les meubles.
Rembrandt questionne sur notre avenir, mais encore plus sur notre temps présent. Sans trop se mouiller sur son articulation politique, c’est un film subtil qui, avec ses défauts (retraite à la campagne après une prise de conscience écolo), met en dualité les fervents défenseurs de l’énergie fissile face aux anti-nucléaires. C’est engagé et ça remet en place le cynisme de ceux qui veulent s’aveugler face aux risques actuels.
Bien que ce ne soit pas un film grand public de par son discours pointilleux et aux vocabulaires professionnels. Les grandes lignes sont marquantes et l’essentiel de pose ici.
En définitive, ma façon de voir des films est celle que je préfère. Être totalement ignorant de ce que va aborder l’œuvre, c’est le meilleur moyen d’être surpris.