Il le fait via une "communication télépathique" avec une ingénieure nucléaire (ou physicienne travaillant dans le nucléaire depuis vingt ans et plus) alors que celle-ci, visitant la National Gallery à Londres avec son mari également ingénieur nucléaire, est tellement saisie à la vue de trois toiles de ce maître hollandais qu'elle va jusqu'à poser son visage contre l'une d'entre elles et même quasiment enlacer le tableau dans ses bras, provoquant un petit scandale dans la salle et l'intervention de la sécurité du musée. Suite à cette "mystérieuse révélation", Claire, l'ingénieure nucléaire, va chercher à ameuter les autres physiciens qui travaillent avec elle, puis l'opinion publique française (et forcément européenne) sur l'extrême nocivité écologique, climatologique des centrales nucléaires, à commencer par celle de Saclay.
Rembrandt est évidemment un film à messages. Ce n'est pas vraiment un film grand public. L'opus se veut à la pointe du progrès, tant au niveau de la science que des moeurs. Il tient un discours paradoxalement assez prétentieux, oui paradoxalement, parce qu'en final il recommande aux hommes l'humilité, autrement dit, en sous-texte, de ne pas jouer aux apprentis sorciers. Je ne suis pas un fanatique de l'écologie, mais je dois dire que j'ai quand même été assez séduit par l'espèce de conférence-démonstration (sur les dangereuses perspectives encourues par la planète du fait de la multiplication des centrales nucléaires et, conséquemment, des déchets radio-actifs) délivrée par l'ingénieure nucléaire (avec l'aide d'une climatologiste) à la petite équipe des physiciens nucléaires qui travaillent dans le même département qu'elle. Côté négatif, on peut déplorer la lenteur de progression dramatique du film due aux comportements et états d'âme taiseux et déroutants de Claire (la cheville ouvrière de cette mystérieuse histoire), puisque même Yves, son mari, lui-même physicien nucléaire et travaillant avec elle depuis toujours, n'arrive pas vraiment à comprendre les actuelles motivations de sa femme. Il retournera à la National Gallery et nous éclairera sur ce qui s'est passé entre ces trois toiles de Rembrandt et Claire, "incident" qui a finalement permis aux administrateurs du musée de découvrir que le tableau qu'avait enlacé Claire était menacé par un germe encore inconnu suscité par la pollution (nucléaire ?) de l'air londonien. En somme, Rembrandt s'était servi de Claire pour lancer l'alerte sur l'état de sa toile (et de notre civilisation). Tout ça peut paraître bien tiré par les cheveux et parfois bien balourd ou pré-apocalyptique ! Par chance, Claire est interprétée par Camille Cottin qui transcende le personnage et porte littéralement le film sur ses épaules. Malgré un physique qui, sous certains angles, paraît ingrat, elle est parvenue en quelques films à s'imposer comme une des meilleures actrices françaises actuelles. Elle a une sensibilité, une sincérité, une puissance de conviction étonnantes. Le film de Schoeller lui doit beaucoup, on peut même dire qu'elle le sauve, qu'elle le maintient en vie.