Après le succès mondial de "Jaws" au cinéma, Steven Spielberg réalise son premier film de science-fiction, "Close Encounters Of The Third Kind", sorti en 1977. Avec au casting Richard Dreyfuss, François Truffaut, Melinda Dillon et Teri Garr. À noter aussi la première collaboration entre Spielberg et Michael Kahn, chef monteur, qui à partir de ce film montera tout les autres films du réalisateur (à l'exception de "E.T."). L'histoire commence par d'étranges manifestations qui se multiplient à travers le monde. Au Mexique, des avions militaires disparus durant la Seconde Guerre mondiale sont retrouvés en parfait état de marche. Le navire SS Cotopaxi, disparu depuis 1925, est retrouvé en plein milieu du désert de Gobi. Un scientifique français du nom de Claude Lacombe essaye de percer le mystère de ces faits. Une évidence s'impose alors : une forme de vie extraterrestre tente d'entrer en contact avec la Terre. Entretemps dans l'Indiana, Roy Neary, un dépanneur, voit de près un groupe de soucoupes volantes survolant une route. D'autres personnes sont également témoins de ce type de phénomènes.


"Close Encounters Of The Third Kind" est un film très particulier dans la filmographie de Spielberg. Déjà, le film est écrit par Spielberg lui-même, chose assez rare chez le réalisateur. En soit, c'est surement son film le plus personnel. En témoigne la scène où Roy Neary réveille sa famille en pleine nuit pour les emmener sur le lieu où il a aperçu les soucoupes volantes. Cette scène fait écho à un souvenir d'enfance du réalisateur lorsque son père le réveilla lui et sa famille afin de les amener dans un parc pour leur faire profiter d'une pluie d'étoiles filantes. Avec ce film, Spielberg partage avec nous sa fascination très communicative des ovnis et arrive tout le long du film à exalter notre imagination.


La photographie est vraiment magnifique, en témoigne ce plan où le jeune Barry est à côté de la porte d'entrée ouverte avec la lumière du vaisseau extraterrestre envahissant tout l'extérieur de la maison. Un plan très culte et très iconique de ce que sera le cinéma de Spielberg. La photographie est principalement assurée par Vilmos Zsigmond, mais il ne fut pas seul et 10 autres directeurs de la photographie sont réquisitionnés pour divers aspects de la production. Les effets spéciaux concoctés par Douglas Trumbull sont eux aussi très réussis. Certes aujourd'hui, ils peuvent paraître un peu vieillot mais ils restent néanmoins toujours très appréciables.


La mise en scène de Spielberg est intelligente et est totalement en adéquation avec le propos du film. Par exemple, il utilise beaucoup de hors-champs où l'on peut voir les visages des différents protagonistes absolument fascinés par ce qu'ils sont en train de contempler. On peut alors laisser libre cours à notre imagination et cela laisse planer un côté très mystique tout le long du film. Car c'est le but de Spielberg, arriver à nous faire ressentir toute la puissance du mystère. Et pour cela, les formes prennent beaucoup d'importance et il arrive très bien à les illustrer. Et une forme en particulier revient sans cesse dans l'esprit des personnages de Roy Neary et Jillian Guiler. C'est la forme d'une montagne. Une montagne qui mettra longtemps à se dévoiler dans l'esprit de nos élus. Ils s'exprimeront de manière différente pour trouver la réponse de ce que signifie cette forme qui les hante. Pour Roy, c'est la sculpture et pour Jillian, c'est le dessin. Cette montée du suspens et de la découverte est très bien illustrée et d'ailleurs, lorsque nos personnages ont enfin leur réponse et se rendent au pied de la Devils Tower, l'effet marche très bien. J'ai vraiment eu des frissons quand on voit enfin cette montagne en vrai, tellement j'ai été captivé par cette forme durant tout le film. D'ailleurs on peut y voir un côté très biblique dans la représentation de cette montagne. Premièrement, elle fait assez référence au mont Sinaï. Deuxièmement, nos élus sont appelés en quelque sorte à se rendre sur ce lieu par une puissance supérieure. Et quand on voit au début du film que "Les Dix Commandements" de Cecil B. DeMille passe à la télé chez Roy, il devient alors évident d'établir un lien entre toutes ces choses.


Dans "Close Encounters Of The Third Kind", Spielberg aborde aussi avec nous le thème de la famille. La famille qui représente un thème majeur dans les œuvres du réalisateur. Et comme dans "The Sugarland Express", même si avec ce dernier, le sujet était un peu plus abstrait car la famille en question n'était pas réellement constituée (en même temps c'était le but et le pourquoi du film), Spielberg nous parle de la famille dysfonctionnelle, représentée ici par la famille de Roy Neary. On se retrouve avec un papa immature qui n'hésitera pas à délaisser son rôle de père et de mari pour se concentrer uniquement sur son obsession autour de cette forme qui hante son esprit. Spielberg en profitera aussi pour aborder pour la première fois un autre thème qui lui tient à cœur, celui de l'enfance, ici représenté par le jeune Barry.


Concernant les acteurs, Richard Dreyfuss fait parfaitement le job et c'est un réel plaisir de le revoir devant la caméra de Spielberg après son très bon rôle dans "Jaws". Mais le plus gros plaisir concernant le casting, c'est tout de même la présence de François Truffaut à l'écran. Il joue très bien son rôle de scientifique, fasciné lui aussi à l'idée de pouvoir établir un contact avec les extraterrestres. Et puis pouvoir entendre un peu de français dans un film étranger est toujours un régal pour ma part.


J'en viens maintenant à l'un des points essentiels de cette œuvre. Je parle bien sûr de la musique de John Williams. Et notamment du sublime thème phare du film, ce célèbre code musical qui permet aux scientifiques de communiquer avec les extraterrestres. Comme avec "Jaws", Williams nous propose une composition très simpliste, dotée de seulement 5 notes. Cette partition permet de nous offrir une scène finale tout simplement magnifique. On assiste à un véritable concert cosmique, un ballet intersidéral où se mélangent sons et lumières venus d'ailleurs. Dans cette scène, on ressent aussi toute l'osmose entre Spielberg et Williams. Là où Williams vient renforcer la puissance de la mise en scène de Spielberg, Spielberg vient sublimer la partition de Williams. Et une fois ce magnifique spectacle terminé, on assiste enfin à l'apothéose, au moment que l'on attendait tous. Cette fameuse rencontre du troisième type débordante de beauté et d'espoir.


Pour conclure, Steven Spielberg nous offre une œuvre très touchante et très personnelle sur un sujet qui fascine depuis toujours l'espèce humaine. "Close Encounters Of The Third Kind" est un film incontournable pour comprendre la filmographie du réalisateur.

Paplard
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le 26 juin 2015

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