Un chef d'oeuvre au style psychédélique unique. A voir absolument!

Darren Aronofsky nous offre une œuvre parfaite avec pour thème les effets néfastes de la drogue sur quatre personnages centraux. C'est tant le travail technique et scénaristique que le jeu formidable des acteurs qui contribuent à faire de "Requiem for a Dream" un chef d'œuvre au style psychédélique unique. A voir absolument!

"Requiem for a Dream"... quel film! Je ne sais même pas par où commencer dans cette critique. Ce film, je l'ai reçu comme cadeau pour noël, car ça faisait longtemps que j'avais envie de le voir, et quel merveilleux cadeau! Plusieurs personnes me parlaient de ce film dans mon entourage, je me sentais inculte, d'autant plus que je suis un fan des films de David Lynch et que Darren Aronofsky est considéré, en quelques sortes, comme le "nouveau David Lynch". En outre, j'avais eu l'occasion de connaître son style à travers "Black Swan", qui fut un coup de cœur pour moi. Sauf que "Requiem for a Dream" n'est pas "Black Swan"!

Ici, le film se concentre sur le theme de la drogue et de ses effets néfastes. Bien que Harry Goldfarb, incarné par Jared Leto, passe pour le personnage principal du film, "Requiem for a Dream" se centre en réalité sur le sort de quatre personnages: Harry, sa mère Sara (Ellen Burstyn), sa petite amie Marianne (Jennifer Connelly) et, enfin, son ami Tyrone (Marlon Waymans).

Sara, la mère d'Harry, est en fait une vieille femme à la retraite qui passe ses journées à regarder la télévision. Un jour, elle reçoit un coup de fil de son émission favorite, qui lui prévient qu'elle va être convoquée pour passer dans une émission. Solitaire, sans plus personne de qui s'occuper, Sara va faire de cette convocation illusoire le nouveau sens de sa vie. Elle va se mettre à suivre un régime draconien et se gaver de pilules amaigrissantes et énergisantes qui lui ont été prescrites par un médecin, dans l'intention de rentrer dans sa belle robe rouge pour passer à l'émission, cette robe qu'elle portait lors de la remise des diplômes d'Harry et dans laquelle son mari la trouvait si belle.

A côté d'elle, son fils accumule des petits boulots à droite et à gauche. Mais la plupart du temps, il la passe à se droguer en compagnie de son amie Tyrone et de sa petite amie Marianne. Tous trois rêvent d'un monde meilleur et d'une vie plus facile, si bien qu'ils deviennent dangereusement accros à la drogue.

Pour chacun des quatre cas, Darren Aronofsky nous livre une fin possible et atroce de cette dépendance à la drogue. Si la première heure du film est encore clean et sans trop d'excès, c'est durant les trente dernières minutes que cela se corse! La vie des quatre personnages dégénère en un enfer impitoyable, qui nous est présenté à travers des images bouleversantes, oppressantes, hypnotiques, dérangeantes et psychédéliques! Aronofsky ne nous épargne pas: l'ambiance est à nous rendre dingue, ce qui correspond bien avec l'état d'esprit des personnages. Les scènes où les personnages prennent de la drogue, depuis le début jusqu'au final nerveux, sont filmées de manières impressionnantes. Gros plans, accélérations, clignotements incessants de lumières, successions rapides de plans, sons avec variations, musiques graves, dramatiques et dérangeantes (signée par une main de maître: Clint Mansell à ses débuts)... tout est là pour nous cloîtrer dans une ambiance horrible et oppressante.

Les acteurs interprètent à merveille leurs rôles. Ellen Burstyn excelle dans son rôle de femme obsédée par l'envie de passée à la télévision. Ses expressions et mouvements du visage son purement jouissifs, tant elle entre bien dans le rôle, autant dans sa vie de vieille femme n'ayant plus rien à perdre (au début du film) que celle, à la fin, où elle devient accro à ses pilules. Sa vie nous apparaît alors comme un film d'horreur: la situation de bonheur apparent au début, où elle maigrit et est plein d'énergie, puis l'augmentation de la dose de médicaments entraînant des troubles psychologiques. Quel merveille, par exemple, que cette scène où, seule chez elle, dans le noir, Sara assiste à la télévision et se fait humilier ouvertement par l'image du présentateur de l'émission, du public, et d'elle-même en robe rouge, qu'elle imagine en train de passer à la télévision. Dans cette scène, on retrouve son frigo, le croque-mitaine de ses lugubres pensées, menaçant de s'approcher d'elle et de la dévorer vivante.

A ses côtés, il y a donc Harry, incarné par un Jared Leto magistral, un adolescent tire au flanc, incapable d'abandonner la drogue pour se lancer dans une vie normale et avoir un bon métier, à tel point qu'il ment à sa mère sur sa vie. Il aime sa mère, mais ne lui rend presque jamais visite. Son cadeau pour elle – lui offrir une nouvelle télévision – est plus une excuse pour compenser son absence qu'une preuve d'affection. La majeure partie de son temps, il la passe avec son ami et sa petite amie, à prendre de la drogue et à sombrer dans des paradis artificiels. Ce n'est pas Baudelaire qui les aurait poussés à stopper leur dépendance, mais toujours est-il qu'ils vont trop loin et qu'au bout d'un moment, ils ne peuvent plus se passer de cette drogue. C'est Tyrone, l'ami noir d'Harry, incarné par Marlon Wayans, qui leur procure le matos, sauf qu'un jour, il finit par manquer. Sans drogue, tous trois deviennent dingues. Harry et Marlon se rendent en Floride dans l'intention de chopper de la came là-bas, mais Harry est dans un état tel (les veines de son bras deviennent infectées à force de recevoir de la drogue toujours par le même orifice) qu'il est emmené dans un hôpital. Le bilan n'est pas difficile à imaginer: les médecins avertissent la police qui se charge des deux gaillards. De son côté, Marianne, dans un élan de désespoir pour trouver de la drogue, ira jusqu'à vendre son corps, faisant jouer son charme et sa beauté, d'abord avec une certaine répulsion, puis en s'y accoutumant.

Toutes les fins sont impitoyables et mettent fin aux rêves et désirs de chacun. Ces diverses formes de drogue ont beau avoir pu éveiller en eux des envies et des passions intenses et agréables, c'est pourtant ces mêmes drogues qui auront mis fin à ces espérances de la forme la plus destructrice qui soit.

Darren Aronofsky, très inspiré, nous offre cette vision de la drogue, une vision terrible et pourtant réaliste. Après le film, plus personne n'osera y toucher. La force d'expression des images et des sons du film, additionnée au talent incontestable des acteurs, ne manque pas de toucher l'âme des spectateurs. Certes, le film est violent et choquant, mais c'est à travers ces formes qu'Aronofsky fait ici transmettre son message anti-drogue. Bien plus qu'un simple film présentant et dénonçant une problématique, "Requiem for a Dream" va plus loin en nous offrant des images de l'esprit et du subconscient de chacun des quatre personnages, raison pour laquelle on compare souvent Aronofsky à Lynch. C'est sans aucun doute ces scènes, fouillant l'âme de chacun à travers tout un travail technique et scénaristique de première qualité, qui contribuent à rendre ce film aussi prégnant et interpellant, et à en faire une expérience psychédélique unique, à savourer du début jusqu'à la fin!
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le 15 mai 2014

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