Un véritable Katrina économique, un documentaire sidérant !

Requiem for Detroit ? (2010) est un passionnant documentaire sur la ville de Détroit, naguère berceau de l’industrie automobile (qui a vu naître l’empire de General Motors et de Ford avec son travail à la chaîne). Réalisé pour le compte de la BBC et d’une durée d’un peu plus d’une heure (pour sa version télévisée), Julien Temple a par la suite remonté son film en une version plus longue, à savoir 90 minutes (une durée minimale pour une exploitation en salles).
On y découvre ainsi un documentaire palpitant sur cette mégapole démesurée, post-apocalyptique avec ses constructions monumentales qui s’effondrent (un endroit rêvé pour tout "urban explorer" qui ce respect), avec ses terrains-vagues et ses usines à l’abandon, éventrées, pillées, saccagées au fil du temps ou brûlées par des jeunes délinquants qui s’occupent comme ils peuvent (pour la petite anecdote, 29 écoles ont fermées rien qu’en 2009 !). Détroit est une ville à l’agonie, à bout de souffle, pourtant elle prospérait au début du XXème siècle, notamment avec l’arrivée d’Henry Ford et son usine qu’il implanta dans la ville pour y faire fabriquer sa Ford T (créant ainsi le travail à la chaîne et mettant en place des salaires élevés pour ses salariés, les poussant ainsi à la consommation). L’exode rural motivant des sudistes et de nombreux afro-américains à venir s’installer en ville afin de travailler dans l’usine Ford, la ville croule sous les demandes, l’urbanisation est alors en plein essor, les constructions sont nombreuses, tout comme les autoroutes qui reliaient la ville à la banlieue (elles sont aujourd’hui désertées, tout comme la ville). La crise économique de 1929 avait déjà causé des dégâts à Détroit et à ses nombreuses usines automobiles, la crise de 2008 est venue l’achever totalement. Agonisante à petit feu, les édifices tombent en ruine, le chômage est alarmant, l’illettrisme aussi, la pauvreté est la plus faute du pays. Le nombre d’habitant est passé de deux millions dans les années 60 à 800 000 à l’heure d’aujourd’hui. Pourtant certains garde espoir, est-ce une illusion ou tout est possible ? Faut-il y croire ou est-ce une perte de temps ? L’Amérique a semble-t-il complètement oubliée cette ville et ses habitants, livrés à eux même et sans grand espoir de pouvoir un jour sortir de cette misère. Une ville qui pourtant faisait la fierté de tout un peuple, passant du rêve au cauchemar américain, de la prospérité à la crise. Une véritable Katrina économique (dixit passage du film, en référence à l’ouragan Katrina qui a dévasté la Nouvelle Orléans).


(critique rédigée en 2011)


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le 16 sept. 2011

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