Nombreux sont les films de guerre nous dépeignant avec plus ou moins de réalisme les fronts de l'ouest ou la bataille du pacifique.

Rares sont ceux s'attachant à nous montrer la seconde guerre mondiale depuis le front de l'est. Si "Stalingrad" nous y plonge c'est selon le point de vue d'un français. "Requiem pour un massacre", nous en livre une vision russe, et quelle vision.


En centrant son récit sur la descente violente et brutale d'un enfant dans l'enfer de la guerre, après que tout son village biélorusse eut été massacré par les nazis, Elem KLIMOV nous montre à voir la perte de l'innocence. L'acteur qui joue le rôle de ce jeune garçon nous offre une prestation absolue, et l'on ne peut s'imaginer qu'il soit sorti indemne d'un tel rôle, tant il est intense. Il vieillit à l'image au fur et à mesure de sa décente dans les horreurs de la guerre. Il ne pourra vous laisser indifférent.


La texture du film donne tout au long une sensation de crasse, tout est poisseux, glacial, l'image de cette campagne misérable et hantée par la mort, se ressent jusqu'au fond des tripes. Le vent froid est cinglant comme les balles d'acier sont déchirantes.

Nous sommes les témoins de la barbarie à l'état pure, nous assistons à la déshumanisation, tant des victimes que des bourreaux, et loin de montrer la résistance comme un refuge où seuls les vertueux agissent, l'on nous montre aussi la bestialité de ses membres. Quand la soif de vengeance pousse celui qui la réclame aux pires comportements, ne le mettant plus alors en opposant à la barbarie de l'ennemi, mais lui signifiant son exacte similitude.

Le soin apporté aux cadrages, aux lumières, aux ambiances contribue à faire de ce film un véritable chef d'oeuvre d'une violence poussée à son paroxysme, mais paradoxalement, ce sont plus les hors champ, ce qui n'est pas montré de façon directe qui revêt la plus insoutenable violence.

Et l'on se surprend alors à avoir envie de nous laver, tant l'on est sali par ce qu'on voit.


A plusieurs reprises des plans m'ont fait pensé à "Platoon" d'Oliver Stone et je ne serai pas surpris d'apprendre que ce dernier ait vu et ait été influencé par cette oeuvre difficile mais indispensable.

De la même façon j'ai été aussi touché par le design sonore du film, entre fureur et enfermement, on sent que le réalisateur a porté un soin particulier à appuyer son ambiance par le son, et cela est un argument supplémentaire en faveur de ce film intense.


Aurait-on voulu nous montrer le Tartare des grecs antiques que nous aurions eu ces images.


Un film de guerre rare, à découvrir mais préparé psychologiquement.

Spectateur-Lambda
10

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le 6 oct. 2022

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