De tous les films de la saga Resident Evil, celui qui m’a été le plus difficile de traiter est définitivement le troisième, Resident Evil : Extinction (2007), pour la raison qu’il est affreusement vide, et, en cela, n’inspire pas grand-chose.

En effet, à l’image des autres films, Resident Evil : Extinction cultive un scénario assez maigre qui fait qu’on s’ennuie vite, un comble pour un survival horrifique ! L’action a lieu cinq ans après les évènements de Raccoon City, alors que la quasi-totalité de l’humanité a été infectée par le Virus-t ; pendant qu’Umbrella Corporation, à présent basé sous terre, se prête à de terribles expériences biogéniques, Alice (Milla Jovovich), qui a acquis des pouvoirs psioniques on ne sait trop comment et qu’elle peine à maîtriser, erre dans le désert du Nevada à la recherche de survivants ; bien sûr, elle en trouve et il s’agit de ses confrères d’armes, Carlos Olivera (Oded Fehr), L.J (Mike Epps) et Claire Redfield (première apparition du personnage joué par Ali Larter), entre autres, qui dirigent un convoi de civils. Ensemble, ils lutteront contre les menaces en tous genres, notamment contre le Dr. Sam Isaacs (Iain Glen) qui projette de capturer Alice à l’aide de zombies domestiqués afin de prélever son sang qu’il pense être le remède au virus.

Imaginez ce scénario entre les mains de quelqu’un qui ne sait pas du tout quoi en faire ; ça donne un récit mou. C’est simple, le film n’a rien de surprenant ni d’excitant et ne fait qu’alterner de la façon la plus primaire entre les phases mettant en scène Alice dans ses tribulations, avec celles où l’on voit le convoi lutter pour sa survie et celles où le méchant fomente son plan. C’est tout. Puis déjà que la présence d’autant de gens ordinaires au sein du dit convoi (enfants compris) me paraît aberrant en sachant qu’il devait surement exister des hommes et femmes de terrain mille fois plus aguerris pour survivre aux zombies, la configuration voulant qu’Alice recroise la route de ses amis précisément dans le pays où tout a commencé, alors qu’il y avait d’autres lieux par le monde où ils auraient respectivement pu se réfugier par pure stratégie, me fait carrément crier aux facilités scénaristiques. Bouh !

En fait, les rares réussites du film, qu’elles soient visuelles ou scénaristiques, s’avèrent des emprunts à d’autres films bien meilleurs.

L’action ayant été délocalisée dans un Las Vegas postapocalyptique et désertique, on aborde effectivement une esthétique visuelle assez proche de Mad Max (1979), avec ces paysages saturés de jaune sable et de bleu ; cela donne un côté à la fois western et futuriste qui se prête étonnamment bien à l’histoire.

Comme autre emprunt, et pas des moindres, on retiendra surtout la fameuse scène en hommage à Les Oiseaux (1963) d’Alfred Hitchcock, où le convoi est attaqué par des milliers de corbeaux zombies.

Si ces références assez bien menées sauvent de justesse le film du désastre, il dénote en même temps un manque d’inventivité de la part du réalisateur Russell Mulcahy et ça se ressent tout le long. Les techniques de mise en scène de l’action ont beau être à peu près décentes (ralentis badass lors des scènes de combat, zooms arrière finissant sur des plans d’ensemble impressionnants, etc.), elles ne compensent pas l’intrigue sans saveur et prévisible. Il y a bien trop peu d’idées mis sur la table et de rythme au récit pour que le film parvienne à m’agripper pleinement, même en tant que blockbuster bon marché.

En plus, les personnages restent désespérément stéréotypés, le pompon revenant aux zonards cyberpunks qui agressent Alice en début de film avec leurs clébards zombies. Quant aux protagonistes secondaires, il est écœurant de les voir si effacés au profit d’Alice quand on songe aux rôles primordiaux qu’ils ont dans les jeux. D’ailleurs, Jill Valentine (Sienna Guillory) est littéralement absente du film, ce qui est étrange, même si, en contrepartie, on découvre la valeureuse Claire Redfield. En parallèle, l’antagoniste, le Dr. Isaacs, est tout ce qu’il y a de plus basique dans son écriture. Même s’il est nettement supérieur à Albert Wesker en matière de crédibilité (en partie grâce à l’implication de son interprète), il reste basique.

On a même droit à la scène où, en parfait salopard qu’il est, il abandonne d’innocents scientifiques à leurs morts pour mieux fuir lors d’une expérience qui tourne mal: si ça ne fait pas partie du top-5 des scènes les plus clichés de méchant dans le cinéma d’action, je veux bien m’appeler Gertrude ! Bien entendu, comme tout docteur cliché de série B, il finit transformé en mutant énorme et quasi invincible appelé le Tyran, ce qui est censé marquer une apothéose mais, en l’occurrences, pas vraiment, puisque la tournure du film est attendue.

En revanche, je dirais que le jeu de Milla Jovovich – qu’on revoit nue dès le début du film, au passage – s’est légèrement amélioré (même si elle n’a clairement pas le charisme escompté pour jouer le personnage). Qui plus est, le costume qu’elle porte est sincèrement géniale. D’ailleurs, je le place un chouïa au-dessus de l’iconique robe rouge du premier volet (que l’on revoit d’ailleurs ici dans les premières scènes où Umbrella teste des clones d’Alice) et de la combinaison noire à harnais de Resident Evil : Retribution (2012) que j’aime pourtant beaucoup. Ce costume, caractérisé par un long manteau kaki et des porte-jarretelles, notamment, a été créé par la marque Jovovich-Hawk, dont l’actrice elle-même est la co-fondatrice et styliste, ce qui, pour le coup, dénote un vrai talent de designer, à défaut de celui d’actrice. Avec, l’héroïne acquiert un look de cow-girl solitaire ultra-fashion tout à fait mémorable. Aussi, la musique, composée par Charlie Clouser, est plutôt bonne, surtout le titre « Convoy ».

Sinon, par son intrigue cousue de fil blanc, ses personnages mal exploités et son rythme foireux, Resident Evil : Extinction est mauvais sur toute la ligne et, par-dessus tout, ne fait pas peur. Je mets donc 3/10.

Créée

le 9 oct. 2023

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