Frank tout juste diplômé d'une grande école de commerce effectue son stage de fin d'étude au sein du service des ressources humaines dans l'entreprise dans laquelle son père travaille en province. A l'image du fils prodigue, on assiste au retour au bercail du fils qui fait la fierté de ses parents, ambitieux et travailleur. Destiné à l'application de la loi imposant les 35 heures dans l'entreprise, il se rend compte que le directeur souhaite mettre en place une levée de licenciement dont son père.

Le film montre une fracture drastique entre le monde du patronat et le monde ouvrier; Franck incarnant l'unique maillon de la chaine qui relie les deux parties. Les revendications ouvrières principalement incarnées par la syndicaliste Danielle Arnoux divergent évidemment du directeur. Même si les personnages sont stéréotypés (une syndicaliste qui ne cesse de crier et écoute peu, un directeur qui fait mine de s'intéresser aux intérêts de ses ouvriers mais qui ne recherche que du profit), le message est criant de vérité sur la détresse des ouvriers et leur peur face aux changements de la vie de l'entreprise. Ce fils, parce qu'il a fait des études est automatiquement considéré comme appartenant au monde du patronat, par exemple la syndicaliste rejette toutes les idées qu'il propose parce qu'il fait partie du groupe des dirigeants, et on l'observe également avec ses amis d'enfance qu'il retrouve.

En apprenant par hasard que son père va être licencié, Franck est déçu. Non pas parce qu'il n'a pas réussi à mettre en place ses objectifs mais parce qu'il se rend compte que le directeur n'a que faire de ses idées. Il n'est qu'un pion parmi les autres, sous estimé. L'image idyllique d'une entente juste entre l'ouvrier et le patron est impossible.

Le film montre avec justesse deux faces, deux personnalités incarnées par le fils, ambitieux mais naïf qui rêve de changement, d'une société plus juste alors que son père se plaît dans la monotonie de son travail à la chaine, de son train-train quotidien.

La confrontation finale entre le père et le fils est l'incarnation même de la période dans laquelle ils vivent. Entre routine tranquille et confortable incarnée par le père et entre l'audace, la volonté d'améliorer le monde ouvrier par le fils. Cette confrontation violente démontre que les deux idéaux du père et du fils sont compréhensibles mais l'un ne peut comprendre l'autre. Franck en ressort frustré déjà par le silence de son père durant la confrontation mais aussi parce qu'il se sent étouffé par une société qui ne peut répondre à ses attentes et dans laquelle il ne se sent pas acteur.

clairdelune22
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le 25 juin 2017

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