Horreur meta plat

Return to Horror High se révèle bien plus fascinant que prévu, faisant le choix d’une narration morcelée et d’un ton qui pastiche les films d’horreur pour adolescents. Une démarche meta avant l’heure mais bien maladroite. Cela n’en fait pas un classique oublié, mais une curiosité évidente à découvrir.

Le film de Bill Froehlich fait le choix de brouiller les repères des spectateurs. Il commence par la fin, par la découverte par les policiers de cadavres en morceaux sur les lieux d’un lycée. Il reste un seul survivant, qui va raconter ce qui s’est passé. Une équipe de tournage avait pris possession de l’établissement scolaire pour tourner un film sur les massacres commis dans ce lycée des années auparavant. Mais il semblerait que ces meurtres aient repris à nouveau.

Au sein du genre horrifique, le film dans le film qui tourne au cauchemar est un fantasme de réalisateur, régulièrement alimenté de nouvelles propositions, parfois guère réussies. Return to Horror High a pour lui cette originalité de sciemment chercher à rendre malléable la frontière entre la réalité et la fiction. Il rappelle que le cinéma c’est de la création mais aussi du mensonge, et le film est à plusieurs moments assez malin dans son déroulé. Le spectateur est alors désemparé en se posant la question de savoir s’il regarde un événement passé, le tournage d’une scène ou un événement réel.

Le film rassemble une large palette de personnages, entre le scénariste, le réalisateur, les acteurs et les membres de l’équipe technique. Les acteurs rassemblent de vieilles gloires de la télévision ou de jeunes pousses, dont Georges Clooney pour son premier rôle au cinéma avant Le Retour des Tomates tueuses. Tous jouent avec une certaine exagération, qui va de pair avec le pastiche voulu. Ce grand réservoir de cadavres potentiels pourrait augurer un jeu de massacre, mais les exécutions seront le plus souvent hors-champs, parfois même seulement citées au détour d’une conservation. Et cela fonctionne, participant à ce climat d’insécurité sur la réalité présentée, de ce qui s’est passé ou pas.

Avec ce film dans le film sur des massacres d’étudiants, Return to Horror High se permet de se moquer de certaines conventions de films pour un public jeune. Ce n’est pas forcément de la plus grande originalité, à l’image du scénariste effacé qui accepte toutes les réecritures ou du producteur surtout attiré par l’argent. Mais cela peut se révéler amusant, notamment en intégrant des plans nichons ironiques rappelant tout de même qu’il s’agit d’un film « grand public » ou se moquant des acteurs trop vieux pour jouer des étudiants. Le film se veut léger, d’un esprit simple, même si on peut se demander si cela s’accorde bien avec une construction sur plusieurs strates de réalité/perception.

Cependant, Return to Horror High, malgré ses ambitions et ses qualités, peine aussi à maintenir son histoire de bout en bout. Le film s’éternise sur certaines scènes, se montrant plus d’une fois mou, tandis que d’autres passages à force de jouer sur ce qui est réel ou pas bien confus. Tout cela participe à l’idée maîtresse du film, dévoilée lors de la conclusion, révélant un rebondissement inattendu mais assez difficile à accepter. L’ensemble est tout de même un peu pataud, qu’une mise en scène assez commune, malgré un montage un peu plus malin, n’aide pas à élever. Return to Horror High surprend, il décontenance et il amuse, mais il n’a pas réussi à maîtriser jusqu’au bout son propos.