What's going on at Nuke'em high ?!

Lloyd Kaufman n’avait pas réalisé de film depuis Poultrygeist en 2006. Une longue attente pour les fans qui voulaient voir sa prochaine œuvre. Toxic avenger V semblait se concrétiser à un moment, avant que le projet ne soit annulé. Je craignais pendant un temps que Kaufman ne puisse plus rien réaliser. Et ensuite a été annoncé le reboot de Class of nuke’em high.
Je ne pensais pas retourner au festival de Cannes cette année, étant donné la prise de tête que c’était l’an dernier pour essayer d’accéder à une projection, mais j’ai changé d’avis en un clin d’œil. Il a suffi que je lise "world premiere Cannes film festival 2013" à la fin de la bande-annonce de Return to nuke’em high.
C’est aussi simple que ça.
Voir un film de Troma à Cannes, c’est mon rêve depuis que j’ai vu ces chanceux assister à la projection de Toxic avenger IV (ce chef-d’œuvre), dans le documentaire All the love you Cannes. C’est même dans l’espoir de voir la Troma team que je suis allé au festival lors des deux précédentes éditions.
Je dois l’avouer, cette année, quand je me suis retrouvé dans la salle pour Return to nuke’em high et que le film a démarré, j’ai laissé couler une petite larme.
Il faut dire aussi que le début du film est énorme : il y a pleins d’idées amusantes, et on retrouve cette superbe chanson provenant du film original. Le plaisir se poursuit avec la première scène, une scène de sexe formidablement gore et délirante, avec des effets spéciaux à couper le souffle. Seul le montage, qui laisse un peu à désirer, empêche d’apprécier totalement la séquence.
Et c’est ce type de petits défauts qui va pulluler dans le film par la suite.

Si Poultrygeist et Toxic avenger IV, qui méritent selon moi largement leur appellation de "tromasterpiece", ont été tournés avec des moyens similaires, le chaos du tournage ne transparaissait pas dans le produit final, rendant encore plus honorable l’œuvre de Troma.
Or, dans Return to nuke’em high, les faux-raccords abondent, on remarque des problèmes de post-synchro, et certaines scènes traînent trop en longueur, comme si le montage n’était pas achevé. Peut-être est-ce le cas d’ailleurs, étant donné que le film était présenté en avant-première. J’espère que c’est le cas.
La narration est assez chaotique, les séquences s’enchaînant sans qu’on comprenne vraiment pourquoi, et l’once de dénonciation portant ici sur l’industrie du fast-food et la politique des USA sur les armes paraît très inconsistante.
Si on ne peut pas passer outre ces défauts, c’est qu’à côté de ça on ne retrouve pas le même délire totalement génial qui, dans les autres films, pouvait faire accepter tout et n’importe quoi.
Lloyd Kaufman a perdu de son mojo, lui qui savait trouver l’équilibre parfait dans la direction du jeu cartoonesque de ses acteurs dans Terror firmer ou Toxic avenger IV, laisse le jeu devenir un peu trop poussif dans Return to nuke’em high.
Mais ses plus grosses erreurs de décisions en tant que réalisateur sur ce film-ci, c’est d’avoir cherché à intégrer des effets vidéos et des CGI tout à fait laids dans certaines séquences de transformation. Ainsi, non seulement les étudiants du lycée de Tromaville mutent, mais cette fois en plus leurs visages se parsèment d’étincelles, voire ils explosent numériquement !
Je regrette aussi largement que Lloyd ait cédé à la facilité de la "fart joke", bien qu’elle est utilisée si souvent que cet excès absurde devient drôle.
C’est le seul gag qui gagne à être répétitif, car d’autres, comme cet arrêt sur image à chaque apparition d’un personnage accompagné d’un texte et tout le temps la même musique, deviennent vite lourds.

Il y a toujours de bonnes idées comiques, quelques trouvailles amusantes, des caméos et références qui font sourire, et bien sûr du gore savoureux.
Néanmoins, étant donné l’attente de plusieurs années, et surtout le haut niveau du dernier Troma, j’ai été déçu. Poultrygeist plaçait la barre très haut, c’était la quintessence de l’esprit Troma avec en plus de ça des chansons, donc je doutais que Return to nuke’em high se montre aussi bon, mais on est quand même loin de ce que j’espérais.
Je suppose que je manque de recul, mais c'est en-deçà de ce dont Lloyd Kaufman est capable.
En tout cas, j’attends le volume 2.