Qu'on se le dise, nous avons toujours un regard plus que bienveillant, sur les héros qui ont bercés notre enfance de cinéphiles un tantinet burnés.
Cornaqueur de génie, maitre absolu du polar urbain qui en jette, papa de plus d'une série B du bon gout trônant fièrement dans notre panthéon du culte made in 70's/80's, Walter Hill est décemment l'un des ses papes du badass que l'on chérit comme la prunelle de nos yeux et ce, même s'il est vrai que le cinéma du bonhomme n'est plus au meilleur de sa forme depuis son entrée dans le nouveau millénaire.
Un film carcéral tout juste présentable (Un Seul Deviendra Invincible), un buddy movie avec tonton Sly tourné comme un téléfilm de luxe (Du Plomb dans la Tête), l'époque bénit des The Warriors, Double Détente ou encore 48H a beau être à des années-lumières, chaque potentiel retour du lascar n'en est pas moins un rendez-vous à part entière.
Même s'il débarque directement... en VOD.


Revenger (ex-Tomboy : A Revenge's Tale), sorte de vigilante transgenre adapté d'une bd éponyme - coécrit par Hill - et porté par un pitch aussi WTF que son casting est alléchant (Michelle Rodriguez, la grande Sigourney Weaver ou encore Tony Shalhoub et Anthony LaPaglia), nous conte avec une singularité non feinte, l'histoire rocambolesque d'une vengeance - vraiment - pas comme les autres.
Celle d'une chirurgienne emprisonnée (Weaver) qui décide de venger la mort de son frangin toxicomane, en transformant son assassin, un jeune - mais doué - tueur à gages (Rodriguez), en le kidnappant avant de le transformer en... femme.
Pas banal quoi, et logiquement, le gars/meuf va pas très bien prendre la nouvelle, et décidera de se venger.


Prendre pour vedette la badass Rodriguez, actrice burnée de chez burnée à la masculinité assumée, en lui collant de la barbe et un gros nez, avait ce second degré si jouissif qu'il faisait de ce Revenger, au-delà de son pitch improbable façon John Wick du pauvre (remplaçons la perte du chien par celle d'une paire de corones), un potentiel B movie à forte tendance Z qui méritait forcément le coup d'oeil.
A sa vision, le sourire laisse pourtant place à une gêne évidente, tant tout sonne faux, de sa construction façon accumulation de flashbacks à la prestation forcée de l'actrice dont la transformation (d'une risibilité sans pareil) est lourdement mise en avant, en passant par la réalisation plate d'un Hill sous somnifères et saluant du bout du déambulateur, le spectre de son mojo passé.
Rarement bandant - un comble -, alignant avec une frénésie frisant lourdement avec l'indécence, tous les clichés éculés du genre sans la moindre fulgurance narrative/visuelle, comblant le manque de scènes d'action par une multitude de séquences bavardes au possible (à peine sublimé par une Sigourney Weaver pourtant impliquée); Revenger, moins divertissant que Du Plomb dans la Tête - un comble bis -, peu crédible et encore moins pertinent, est de ces séries B qui se regardent aussi vite qu'elles s'oublient.


Une preuve par A + B que Walter Hill n'est plus que l'ombre de lui-même, et plus encore qu'un maquillage foireux en bonhomme de Madame (?) Rodriguez, c'est bien ça le plus triste à retenir de son - on l'espère - ultime passage derrière la caméra.


Jonathan Chevrier

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le 27 mars 2017

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