S'ouvrant sur des images de guerre accompagnée d'une voix off nous détaillant les événements politiques du moment, Ring Of Death a visiblement de l'ambition ! Mais les apparences sont trompeuses et les implications politico-historiques de cette production Seasonal sont en réalité réduites au strict minimum. Les relations sino-russo-japonaises, à en croire le film, se limitent à quelques entrevues guindées et à l'organisation de rencontres martiales, aboutissement scénaristique prévisible mais bien simpliste. Car, Ring Of Death, c'est avant tout une bonne vieille Kung Fu Comédie comme la compagnie de Ng See Yuen était passé maître depuis Snake In The Eagle's Shadow.

La formule du genre est connue et le réalisateur/producteur l'applique à la lettre. Le brave Ah Niu est le héros emblématique de ce type de métrage (voir Snake In The Eagle's Shadow bien sur mais aussi Mad Monkey Kung Fu, The Incredible Kung Fu Master ou Dreadnaught), un jeune homme gentil mais martyrisé par ceux qui l'entourent (parmi lesquels l'habituel Dean Shek). Son salut passe par l'apprentissage des arts martiaux à travers de longues séquences d'entraînement jusqu'au dernier tiers où il peut enfin conquérir les cœurs en corrigeant les affreux de service.
Cette base ne peut évidemment être exploité en l'état, trop de films l'ont fait depuis Snake In The Eagle's Shadow et il faut injecter quelques éléments nouveaux pour obtenir l'intérêt du public. L'intrigue politique (même si elle est simpliste) est l'un de ces ajouts originaux. Les autres tiennent à la nature des maîtres et, plus intéressant, à une dramaturgie plus développée qu'à l'accoutumé. D'habitude, le rôle du maître est capital dans ce genre de récits. Ring Of Death atténue son importance en ne le faisant intervenir que pour 1/3 du film (le milieu) et en le divisant en deux (technique déjà employée dans Dance Of The Drunk Mantis). L'enseignement donné est d'ailleurs le principal ressort comique du film, le couple de vieux maîtres ne cessant de se chamailler. Leur duo marche plutôt bien, mieux en tous cas que les habituelles mimiques irritantes de Dean Shek. L'autre petite originalité, c'est l'accent mis sur la volonté de reconnaissance d'Ah Niu. Avouons le, d'habitude, il ne s'agit que d'un vague arrière fond, jamais traiter avec sérieux. Ici, Ng cherche, au contraire, à mettre cet élément au cœur du récit. Toutes les actions d'Ah Niu sont liées à son besoin de reconnaissance paternel et permettent de s'attacher davantage au personnage. Malheureusement, les efforts consentis par le patron de la Seasonal en la matière sont mis à mal par la présence de grosses ficelles scénaristiques (les 3 demi frères qui sont traités comme des brutes sadiques) et, surtout, par l'absence total de charisme ou de jeu d'acteur chez Cliff Lok. Son regard bovin, ses attitudes anti naturelles anéantissent l'impact de cette psychologie du personnage plus étoffée. Dommage qu'un acteur plus doué n'ait pas été choisi pour le rôle...

Cliff le mono expressif a quand même une qualité : C'est un artiste martial doué. Et avec la présence de 3 chorégraphes de talent, on a l'assurance de combats de qualité. Sauf que là encore, il y a quelque chose qui cloche... Si on a bien droit à des affrontements puissant et techniques (le final contre Hwang Jang Lee ou ceux avec Kwan Yung Moon), on assiste aussi à des combats maladroits à l'undercranking voyant (ceux avec Linda Lin). Cette inconstance dans la qualité des chorégraphies est une petite déception, on pouvait s'attendre à mieux de la part d'un trio aussi doué. A défaut d'autre chose, cela a au moins le mérite d'être cohérent avec l'ensemble du film, le meilleur côtoyant systématiquement le moins bon...
Palplathune
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Liste statistique : Années 1980 à 1989 et Les meilleurs films de 1980

Créée

le 28 févr. 2011

Critique lue 233 fois

Palplathune

Écrit par

Critique lue 233 fois

Du même critique

Dune
Palplathune
8

Dune vision à l'autre

Minute introspective : J'ai découvert Dune (le film) ado. Étant sevré aux Star Wars, j'espérais voir un spectacle du même acabit. Évidemment, avec de telles attentes, le visionnage ne fut pas une...

le 18 avr. 2012

99 j'aime

13

Inferno
Palplathune
9

L'enfer du miroir

Dario Argento qualifie lui même Inferno de son film le plus pur. On ne peut que lui donner raison au vu du métrage, un véritable cauchemar éveillé, l'impression sur pellicule des obsessions les plus...

le 3 déc. 2010

56 j'aime

8