Road to Nowhere par busterlewis
Road to nowhere rappelle dans l'atmosphère qu'il s'en dégage Mulholland Drive de David Lynch et pourtant, le film de Monte Hellman est fait d'une autre matière. Le spectateur s'y perd, certes, mais d'une toute autre manière. Là où David Lynch nous conduit au coeur de ses rêves, Hellman reconstitut une réalité pluri-dimensionnelle et c'est à nous de trouver le chemin de la vérité.
Il faut avouer que Road to nowhere est presque une expérience jamais vue au cinéma, et ce dans le sens où le générique du film qui apparaît au début est le générique du film dans le film. Déjà, nous regardons le travail d'un autre à travers les yeux d'un autre. Et tout au long du métrage, nous nous déplaçons dans une réalité différente (parallèle), glanant des informations et tentant de reconstituer le puzzle final. D'un autre côté, nous délaissons ce rôle de détective pour être tout simplement charmé par le mystère de certains plans. Ces longs plans contemplatifs (à moins qu'ils ne sondent l'âme des personnages ?) sur l'actrice Laurel Graham entre autre ou ces plans de nuit qui plongent le spectateur dans une sorte de brume. Sommes-nous dans l'inconscient des personnages ? Est-ce un rêve ? Est-ce que l'histoire a définitivement pris le pas sur la réalité ? Et d'ailleurs, n'y a-t-il jamais eu une réalité ? La blogueuse, qui est une "enquêtrice amatrice", déforme déjà le réel en le mettant sur internet. Tout est déformé.
Le film de Monte Hellman est une réflexion sur le cinéma et sur le processus de création. Le cinéma créé de l'image. Cette image est une illusion. Doit-on alors comprendre que toute image que nous voyons sur un écran est une illusion ? Et, bien que nous cherchions à déterminer le vrai du faux dans le film (le personnage de Bruno fait ressortir les faits "réels" sur lesquels se base le film dans le film), nous savons pertinemment que tout est cinéma. Le film dans le film que nous voyons appartient à un ensemble. Et cet ensemble est réalisé non pas par Mitchell Haven mais par Monte Hellman.
Il y a un jeu de pistes dans Road to nowhere très intéressant et très stimulant. C'est là le grand intérêt du film. D'une part, nous sommes pris dans l'aspect mystérieux (et presque lynchien) du film et d'autre part, nos efforts se concentrent pour savoir qui est vraiment Laurel Graham et ce qui est arrivé lors de ce fait divers meurtrier.