Il faut le dire tout de suite : le film m'a séduit, et cela pour plusieurs raisons que je vais tenter de clarifier.


D'abord, aussi stupide que cela puisse paraître, la présence d'une certaine partie des dialogues en français - ce qui est assez rare dans un film américain - donne un cachet particulier au film auquel je suis sensible (même si pour être exact, il faudrait que presque tout soit en français).


Robin Hood est avant tout une galerie de personnages particulièrement bien caractérisés : Robin des Bois, plein d'abnégation, Lady Mariane, courageuse, Sir Locksley, d'une grande rectitude moral, Sir Godfrey, cruel, le prince Jean, impulsif, Richard Coeur-de Lion, bourru, le Marshall, fidèle, etc. Dans la même veine, les performances de certains acteurs sont à saluer, au premier rang desquels Oscar Isaac, tout bonnement parfait dans son rôle, Cate Blanchett et Russell Crowe très impliqués dans leur rôle, et enfin Max von Sydow au jeu plein de justesse (Léa Seydoux joue totalement faux, mais on ne la voie pas souvent, dont une fois nue dans un lit, ce qui compense). Présentés sous ce jour, je me soucie du sort des personnages dispersés sur le territoire de cette Europe du Moyen-âge central.


En effet, pour prolonger mon immersion, le film représente cette époque avec une grande variété de costumes et des décors d'une richesse époustouflante . Quand je regarde ce film j'ai l'impression de contempler un tableau mouvant du Moyen-âge, avec toutes ses préoccupations : la guerre, la violence, les impôts, les famines, la maladie.


Du côté de la musique et du design sonore, on pourra signaler que la première passe par quelques moments de bravoure - rappelant par moments celle de Gladiator - et que le second colle parfaitement à l'histoire : histoire que j'ai trouvée intéressante, puisque cette nouvelle adaptation de Robin des Bois - en brodant une nouvelle trame à partir d'un canevas que tout le monde connaît - est parvenu à susciter chez moi de l'intérêt.


Le montage, ensuite, ressemble à du pur Scott : ce dernier utilise avec une grande maîtrise l'ellipse et du montage, ce qui confère une fluidité au film malgré sa durée de 150 minutes. Ce montage devient tout de suite plus agressif au moment des scènes d'action en reprenant les mêmes gimmicks déjà présent dans Gladiator et Kingdom of Heaven, et qui peut quelque peu agacer.


Enfin, ce qui fait sans aucun doute la force du visionnage, c'est la science de l'image qui transcende le film. Avec son directeur de la photographie, Ridley Scott trouve dans chaque scène une grande richesse de plans, qui, s'ils ne sont pas renversant, captent l’œil, tout comme cette lumière extrêmement travaillée : jaune lors des scènes d'intérieur avec cheminées ou bougies, bleu dans la nuit ou les lieux sombres, blanc sous la lumière du soleil, et lorsque la scène se déroule sous le couvert des arbres, j'ai vraiment l'impression d'être dans une forêt. C'est exactement l'opposé du Hobbit où toute lumière semblait artificielle, ici elle donne l'impression d'être "organique".


Bien entendu, le film n'est pas exempt de petits défauts (par exemple : sur un champ de bataille bruyants, deux hommes se parlent à 10 mètres l'un de l'autre sans élever la voix ; et j'ai déjà cité la piètre présence de Léa Seydoux). Néanmoins, lorsque je m''interroge sur mon ressenti après la visionnage, je parviens à faire abstraction de ces toutes ces imperfections.

Quentin Pilette

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