Les années 80 ont vu le cinéma se fasciner par les créatures cybernétiques. En 1984, nous avons fait connaissance avec Terminator, machine de mort indestructible bien décidé à nous réduire en bouillie. Après son triomphe public et critique, la question qui se posait était: et si le Terminator avait un homologue mais du bon côté? Et voilà Robocop. Bien entendu, faire un simple switch scénaristique du film de Cameron aurait été une erreur. Nous voici donc dans un univers futuriste, à Détroit, qui se trouve gangréné par la criminalité. L'OCP règne sur la production robotique et la police de la ville. Le jeune et ambitieux Bob Morton propose son projet: Robocop. Une machine à l'exosquelette invulnérable à partir du cadavre d'un policier et de combattre le crime sans relâche. Le policier Alex Murphy sera le sujet humanoïde.
Réincarné en robot, il se montre rapidement très performant. Mais un jour, quelque chose coince: et si l'âme de Murphy était toujours là? Pour se rendre compte à quel point Robocop est bon, il est intéressant de poser la question suivante: et si Verhoeven n'en était pas le réalisateur?
On se serait sans doute retrouvé face à un film d'action et d'anticipation calibré
. Bien loin de ce que le réalisateur Hollandais propose, c'est à dire un film sans concessions, doublée d'une réflexion sur la société consumériste, obsédée par l'ordre.
Et le plus beau, c'est que Verhoeven n'oublie pas de faire passer le tout avec une dose d'ironie, marque de fabrique de son cinéma. En effet, des publicités sont disséminés un peu partout dans le film, qui mettent en valeur l'absurdité de cette société sécuritaire, qui finit par considérer l'humain comme une marchandise à formater. Robocop représenterait l'anomalie d'un système bien huilé, celui qui le fait grincer par son...humanité.
Paradoxe le plus total, en devenant une machine, il devient bien plus dangereux pour ses propres dirigeants. Dans ce rôle, Peter Weller fait des étincelles et parvient à faire transparaître une quantité d'émotions énorme sous une armure masquant pourtant son visage en grande partie. Dans le domaine de l'action et de l'horreur pure, Verhoeven est un vrai génie. L'exécution quasi-christique du héros est simplement traumatisante -on a rarement vu un héros mourir au bout de 20 minutes d'une manière aussi brutale, avant de "renaître".
Les divers assauts sont aussi impressionnants d'efficacité, notamment celui de la fabrique de drogues, mythique. Verhoeven est aussi un fin directeurs d'acteurs: la distribution toute entière est - c'est le cas de le dire- en titane. La musique de Basil Poledouris colle parfaitement à l'univers du Hollandais, et le thème de Robocop risque fort bien de marquer vos oreilles autant que celui du Terminator. L'un films les plus marquants des années 80.

ConFuCkamuS
9
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le 27 juil. 2019

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