Résolument dans sa période faste et habile à jongler avec la censure, Verhoeven signe avec Robocop une œuvre phare qui continue encore aujourd’hui à prendre aux tripes. Plongée dans un cloaque de ville où tuer du flic est le nouveau passe-temps favori des crapules, le film se révèle d’une noirceur peu commune. Constat malheureusement évident aujourd’hui, l’escalade de la violence semble n’y connaître aucune limite. Virtuose dans sa mise en scène agressive, le hollandais fait également preuve d’un cynisme et d’un pessimisme sans détours lorsqu’il s’agit de réinventer la société future, ceci par le biais de publicités mais surtout de journaux télévisés totalement déshumanisés. Heureusement, l’arrivée de Robocop va tout changer, et le rapport de force entre policiers et crapules de faire un 180 qui laissera pas mal de monde sur le carreau. Entrée remarquée du premier flic blindé. L’autre point fort du film, c’est de ne pas céder à la facilité en alignant les scènes d’action. Elles sont certes nombreuses mais presque toutes utiles, et la psychologie du héros est relativement soignée, même si la scène initialement prévue et non tournée qui le voyait se rendre sur sa propre tombe aurait certainement été du plus bel effet. Pour finir, un petit mot quand même sur une des plus belle brochette de méchants du septième art avec à leur tête un Clarence Boddicker au sadisme mémorable. Bref, un pur produit des eighties qui n'a rien perdu de son mordant malgré un ED-209 qui prête parfois à sourire.