Près de quarante ans après la sortie de « La guerre des Etoiles », l’univers le plus populaire de SF (de tous les temps) ne cesse de faire parler de lui. Cette semaine un nouveau feu d’artifice de tirs de blasters a envahi nos salles obscures et mon dieu qu’il a été dur de le noter. Shall we ?

La troisième ère



Rogue One s’inscrit dans ce qu’on pourrait appeler la troisième ère Star Wars. A l’époque on l’on guillotinait encore des gens sur notre bon vieil hexagone un certain George Lucas sortait une œuvre révolutionnaire : STAR WARS. Des effets spéciaux innovants, une histoire dans les bottes de Mr Campbell, un accompagnement musical digne des plus grandes symphonies romantiques, bref un bouleversement tel que ce cher George s’est vu imposé une amende de la part de la Director’s Guild of America. En quelques années la trilogie devient un phénomène mondial : c’est l’ère numéro 1 de Star Wars.


Vient ensuite le 21ème siècle et la prélogie Star Wars, une prélogie extrêmement critiquée mais tout de même devenue culte car dépeignant un monde exaltant : des jedis accomplissant des missions héroïques au sein d’une grande république galactique, le paradis de la SF. On aimera aussi la trame narrative visant à expliquer la création de l’empire, bien qu’elle eut pu recevoir un traitement moins bâclé sur la fin du troisième épisode. Je parle ici de la seconde ère Star Wars.


Cependant ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est bel et bien la troisième ère. Tout commença quand la firme de feu Monsieur Disney rachète LucasFilm pour quelques milliards de dollars, deux ans après avoir racheté Marvel. Et c’est reparti pour un tour ! On apprend qu’il y aura 6 films, dont une troisième trilogie Star Wars. Les trois autres films étant là pour occuper l’audience entre deux épisodes de cette nouvelle trilogie.


Rogue One est le premier de ces films « bouche-trou », sorti entre les épisodes 7 et 8 de la Saga Star Wars. Chronologiquement le film dépeint les évènements entre les épisodes 3 et 4 de la saga. En vérité il est une amorce à l’épisode 4 : on pourrait sans problème concaténer les deux films. Alors qu’en penser ?



Une saveur perdue



En tant que tel le film est appréciable. Se retrouver dans l'espace, voir des chasseurs TIE, des star destroyer, l'étoile noire (ou de la mort je ne sais jamais), Dark Vador, d'autres chasseurs TIE et autres jolis effets visuels comme un raz de marée de sable ou la vue d'un lagon depuis l'espace, ça fait toujours plaisir ! Cependant il manque quelque chose, un genre de saveur perdue. Le film est plat, on a du mal à s’attacher aux personnages (ironiquement j’ai trouvé que le personnage le plus attachant était le général « pas de bol » avec sa cape blanche qui n’arrive décidément pas à ses fins), on a du mal à rentrer dans les scènes et il faut attendre la dernière partie pour vraiment comprendre où le film va et se laisser prendre par la main.


L’ère numéro 1 jouissais d’une belle histoire originale et d’un tout nouvel univers. L’ère 2 apportait un background extrêmement riche sur cet univers (même si l’aspect technique des films est à jeter). Le problème avec l’air 3 c’est qu’elle est tiraillée. Si on prend Star Wars 7 par exemple on se rend bien compte que ne voulant pas décevoir, Mr Abrams nous a livré une jolie copie de l’épisode 4 mais en le remettant au gout du jour avec une mise en scène que je trouve bien appréciable. Mais voilà le problème : pas de franche innovation !


Et c’est aussi le problème de ce Rogue One qui en plus ne s’inscrit pas dans la saga Star Wars à proprement parlé. Je trouve cela extrêmement étrange que Disney ait confié à Gareth Edwards la réalisation de cet opus. C’est un jeune réalisateur pas très expérimenté à qui on donne un travail qui me semble titanesque. Il faut : faire preuve d’originalité, ne pas décevoir les fans, se synchroniser avec l’histoire de la saga MAIS ne pas faire un Star Wars.



Un tiraillement bien difficile



J’ai senti pendant tout le film une espèce de tiraillement entre la volonté de réaliser un film indépendant (ce qui était souhaité par Disney) et celle de réaliser un Star Wars. Typiquement l’ouverture du film est un échec retentissant à cause de ce tiraillement. On a le carton original (a long time ago in a galaxy far, far away) qui nous resitue dans le bon cadre et là BAM (littéralement, avec du son) une image de planète dans l’espace. Ce début c’est tout simplement le début d’un Star Wars sans le titre et sans le texte déroulant. Comme si on l’avait coupé au montage. C’est Star Wars vidé de son âme.


Et avoir confié ce film à un jeune réalisateur est une erreur énorme. Mettre en scène un dialogue en champ contre-champ est une chose, mettre en scène une bataille spatiale c’est déjà le niveau au-dessus. Mais restituer l’âme de Star Wars sans faire un Star Wars c’est compliqué, surtout quand le projet est repris en main et retourné en partie.


Alors pourquoi 7/10 ? Et bien je pense tout simplement que notre pauvre Gareth a fait ce qu’il a pu.


J’ai beaucoup aimé la fin car je trouve que cela apporte beaucoup à la saga. On peut mettre une histoire derrière cette toute première bataille spatiale au début de l’épisode 4 et c’est quelque chose qui personnellement me plait énormément ! Aussi on a eu le droit à un tableau de la vie de la galaxie sous l’empire, ce qui à mon avis plaira aux fans.


Malheureusement la mise en scène est pauvre, les acteurs pas très convaincant (la faute au metteur en scène ?), les visuels sont propres mais pas exceptionnels non plus et la musique ne m’a pas plus marqué (la BO sort demain donc je vais pouvoir y jeter une oreille).



A Star Wars Story



Pour conclure je dirai que le film part d’un bon sentiment, et essaye d’offrir au spectateur un background sur l’univers de Star Wars (un peu dans la même optique que Clone Wars sans être un développement infini d’une période de l’histoire de la galaxie). Ce background plaît beaucoup visuellement mais le film souffre d’un manque cruel de profondeur et d’une mise en scène un peu plate. Il s'agit donc bien d'une "Star Wars Story" au même titre que certaines oeuvres venant compléter l'univers de la saga comme Knights of the old Republic par exemple.


Je finirai sur un exemple qui me semble assez parlant : la scène où le général « pas de bol » va voir Dark Vador. Sur le fond il y a des idées : une base secrète pour le seigneur Vador qui se « régénère » dans son tube sans ses morceaux de robots. Mais la mise en scène de la rencontre est juste extrêmement pauvre malgré un effort de la part de Michael Giacchino pour restituer l’ambiance musicale. On n’a pas peur de Dark Vador, il n’est là que pour le fan service et c’est dommage.


Mention spéciale néanmoins pour le gros moment de Dark Vador à la fin (le sabre laser et la force ça restera toujours très classe) et les dominos star destroyer qui s’écrasent les uns sur les autres.

VieuxDragon
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le 15 déc. 2016

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Vieux Dragon

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