Qui l'eût cru ? Un spin-off de la saga Star Wars, avec pour objectif officieux de rentabiliser les producteurs entre deux épisodes principaux, réussit mieux sa tâche qu'un épisode de la saga principale alors qu'il était beaucoup moins attendu que ce dernier. C'est avec scepticisme que je me suis lancé dans ce Rogue One, et de façon surprenante, il possède quelques qualités.


Pour autant, le film n'est pas exempt de défauts. Il ne faudrait pas venir à croire qu'un réalisateur, aussi réputé et talentueux qu'il soit, possède une liberté totale sur la création de son film lorsque celui-ci est régi par un studio aussi important que Disney. Dès le début du film, cet aspect ambigu est frappant. Est-ce un film de guerre ou un film Star Wars comme un autre, dénué de sa personnalité et de son charme ? Un peu des deux, pour le meilleur comme pour le pire.


Rogue One peut se targuer de son caractère indécis durant tout son déroulement, particulièrement lors de la première heure. Parfois, il semble enchaîner trop de péripéties en peu de temps, sinon, il est plus lent, ce qui devient d'autant plus frustrant que les personnages présentés manquent cruellement... de consistance. C'est bien simple, soit ils sont caricaturaux, soit ils subissent un développement qui ne les mettent pas en valeur, avec quelques exceptions toutefois.


Felicity Jones incarne une Jyn Erso plutôt convaincante. Comme d'habitude, les internautes ont une fâcheuse tendance à établir des polémiques pour rien. Deuxième film de Star Wars, deuxième film où le personnage principale est une femme. Etant donné ses caractéristiques propres, ses polémiques en sont devenues encore plus stupides. Beaucoup de blockbusters devraient prendre la graine : on a une vraie héroïne, forte, courageuse et débrouillarde. Pour moi, il s'agit du meilleur personnage du film. Malheureusement, vu le niveau des autres, la concurrence n'est pas bien forte.


Parce qu'à part elle, qu'avons-nous ? Cassian Andor, un Han Solo Like dont la seule qualité d'écriture relève de son ambiguïté, Bohdi Rook, le pilote qui cabotine, Saw Gerrera, un mentor noir sans véritable présence à l'écran, Chirrut Imwe, un asiatique qui maîtrise les arts martiaux (je n'avais jamais vu ça avant dites donc !), K-2SO, un droïde dont l'unique utilité est de servir de ressort humoristique (plus réussi que le 7 cela dit). J'étais assez hypé par le rôle de Mads Mikkelsen, interprète de Galen Erso, mais à l'instar des précédents personnages, son traitement m'a légèrement déçu, bien qu'il s'en sorte assez honorablement.


Je préfère ne pas trop m'attarder sur les "caméos" du film, où la patte Disney se ressent avec autant de subtilité qu'un bulldozer :


Apparition de Moff Tarkin et Leïa en CGI (pour le premier c'est d'ailleurs beaucoup trop visible), deux scènes classes avec Dark Vador mais relevant du fan-service, Bail Organa et Mon Mothma venant dire bonjour au spectateur, un caméo complètement INUTILE de C3PO et R2D2


Le pauvre Gareth Edwards voulait réaliser son film de guerre, mais on lui a aussi imposé de relier ce film à la saga principale. Par conséquent, il en perd beaucoup de ses dépendance, et les connexions sont des fils tellement grossiers qu'ils en sont à peine supportables. Les personnages sont introduits beaucoup trop rapidement pour qu'on puisse s'attacher à eux. De surcroît, il manque clairement une alchimie entre eux, tant ils apparaissent parfois de nul part. Les dialogues sont mieux écrits que le 7, mais ce n'est pas encore fameux.


Néanmoins, au-delà de ces défauts, Rogue One se rattrape sur ses deux qualités. Tout d'abord, le film est visuellement éblouissant. Je n'aurais jamais cru retrouver d'aussi beaux plans et d'aussi belles perspectives dans un film indépendant. Il y a d'excellentes idées de mise en scène, pas toutes bien appliquées, mais on en revient presque aux fondamentaux de la saga : l'exploration d'un immense univers en proie à la guerre, avec ses planètes variées et ses nombreuses races qui le peuplent. En ce sens, cette fidélité est tout à fait bienvenue.


Lors de la deuxième partie du film, Rogue One devient véritablement un film de guerre. Pour ma part, ce fut une expérience assez jouissive. La bataille finale est assez longue, mais je n'ai jamais eu le temps de m'ennuyer, tant elle était bien rythmée et bien mise en scène. Enfin et surtout, elle caractérise tout le côté ambigu du film. D'aucuns prétendaient qu'il était plus sombre que les autres et que nous avions une visions moins manichéenne du conflit entre la Rébellion et l'Empire. Plot Twist : c'est un peu faux. Personnellement, même si la Rébellion n'est pas "gentille" à tous les moments du film, on ne peut pas faire plus méchant que l'Empire. Par contre, les dernières scènes dévoilent une prise de risque que je n'aurais pas pu prédire :


En toute logique, tous les personnages du groupe devaient mourir. Eh bien, ils l'ont vraiment fait. Je m'attendais à la mort du père et du mentor, en revanche, je ne pensais pas que les deux personnages principaux y passeraient. Cela dit, cet enchaînement de sacrifices paraît souvent forcée pour les besoins de la cohérence. Soient les personnages meurent comme des randoms (comme le pilote), soient ils se sacrifient héroïquement dans une mise en scène tellement clichée que ça devrait être illégale (comme l'asiatique et le droïde).


Pour résumer, Rogue One aurait pu être pire et aurait pu aussi être mieux. Le résultat final est correct, voire honorable, mais j'en viens tout de même à l'interrogation : de combien de films va avoir besoin cet univers ? Il est parfois bon d'apporter des nouvelles visions, mais cela ne doit pas être réalisé au détriment du savoir-faire.

Créée

le 18 déc. 2016

Critique lue 280 fois

2 j'aime

Saidor

Écrit par

Critique lue 280 fois

2

D'autres avis sur Rogue One - A Star Wars Story

Rogue One - A Star Wars Story
guyness
6

Jeux de lumières, parts d'ombres

Il y a quelque chose de presque magique dans la faculté qu'ont les scénaristes (ils s'y sont mis à quatre ici) pour faire d'une simple phrase dans l'épisode IV un scénario qui tient assez bien la...

le 14 déc. 2016

179 j'aime

39

Rogue One - A Star Wars Story
Gand-Alf
8

Sans retour.

Il va falloir se faire une raison, plus aucun Star Wars ne sera fébrilement et longuement attendu comme ce fut autrefois le cas, le fan devant patienter au minimum dix ou quinze ans pour avoir sa...

le 21 déc. 2016

96 j'aime

17

Rogue One - A Star Wars Story
Velvetman
6

Tropa de Elite

Qu’on se le dise, Hollywood avance ses pions avec ses grandes sagas ou ses grosses franchises mais détourne son regard par des chemins de traverse différents. Au lieu de mettre les pleins phares sur...

le 17 déc. 2016

92 j'aime

3

Du même critique

Shadow and Bone : La Saga Grisha
Saidor
7

De la YA fantasy, mais en bien

Les séries fantasy se multiplient ces derniers temps. Féru du genre, je ne peux que saluer le principe, toutefois je dois tempérer mon enthousiasme face à l’acceptation de l’âpre réalité : c’est un...

le 27 avr. 2021

14 j'aime

1

The End of Evangelion
Saidor
5

L'opposé de l'inverse donne l'égal

Ainsi s'achève "réellement" l'une des séries d'animation japonaise les plus cultes des années 1990. Une vraie fin pour satisfaire des fans mécontents par la première version, presque à juste titre...

le 16 juil. 2017

14 j'aime

1

Adventure Time
Saidor
5

Je n'accroche pas

Contrairement à Regular Show et Gumball, dessins animés que je déteste au plus haut point, j'arrive quand même à comprendre le succès de Adventure Time et je pense que si il faut regarder un dessin...

le 14 août 2015

12 j'aime

7