낭만자객 / Romantic Assassin (Yoon Je-kyun, Corée du Sud, 2003, 1h38)

Il est important dans la carrière d’un cinéaste qu’à un moment où un autre il y ait un raté. Cela permet, en plus de réévaluer ses autres œuvres, de le rendre plus sympathique. Telles de petites cicatrices parcourant une filmographie, les plantages sont aussi l’occasion de réaliser que de se lancer dans une production, ce n’est jamais gagné d’avance.


‘’Nangman Jagaek’’ appartient à ces œuvres vraiment pas terrible d’un cinéaste qui en a pourtant sous le capot. Mélange de comédie et de film médiéval absolument peu convaincante, avec un scénario qui n’a pas grand-chose à raconter. C’est bien simple, son humour à des kilomètres sous la racine des pâquerettes ne fonctionne absolument jamais. C’est là l’un des risques de la comédie : n’être jamais drôle.


L’histoire contée se situe dans le décors d’une Corée moyenâgeuse, dans laquelle se prennent place les aventures de quatre chevaliers, présentés comme de redoutables tueurs. Maniant les armes avec virtuosité, ils mettent leur savoir-faire au service de ceux qui sont prêt à payer le prix. En réalité, sous leurs airs d’impitoyables mercenaires, se cache un quatuor de bras cassés.


Parallèlement à cette petite bande de tocard, le récit suit les pérégrinations de cinq fantômes, des courtisanes condamnées pour assassinat, bloquées sur Terre, prisonnières de leurs enveloppes de songes tant qu’elles n’ont pas été pardonnées. Leur présent sert avant tout de prétexte à servir de vecteur, puisqu’elles possèdent de temps à autres les quatre guerriers pour les rendre redoutables au combat.


De ce postulat Yoon Je-kyun essaye de construire, sur un ton parodique, une œuvre se plaisant à moquer les grandes fresques historiques du cinéma coréen. Le problème est que ce n’est jamais drôle. C’est même vulgaire. Les différentes intrigues, croisées au sein de son récit sont de plus confuses, et peu attrayantes. Pourtant une fois de plus, le réalisateur convoque différents genres afin d’enrichir son propos, mais ce dernier était inexistant, tout apparaît comme particulièrement vain.


Misant à peu près tout sur l’aspect comique, les gags sont nombreux, mais ils souffrent de grosses lacunes au niveau du timing, avec ses pieds nickelés de héros le métrage tente par moment de tirer la larme aux spectateurices. Par l’entremise de séquences dramatiques. Le problème est que les personnages sont tellement stéréotypés, que jamais ne s’installe d’empathie. Demander à s’émouvoir pour eux devient dès lors mission impossible.


Si dans ses trois premiers long métrages Yoon Je-kyun maniait plutôt bien le mélange des genres, parvenant à l’aide de personnage humain et bien écrit à créer la sympathie, donc de l’affect, ici c’est tout l’inverse. Les quatre mercenaires sont tellement débiles, et leurs péripéties tellement inintéressantes, que l’ennuie qui s’installe pour ne plus s’en aller.


C’est vraiment dommage car le film est agrémenté de scènes d’actions particulièrement réussis. La clarté de ces séquences montre d’ailleurs que derrière la caméra il y a un cinéaste qui maîtrise sa mise en scène. Les bastons sont violentes, dynamiques et même jouissives. Le problème est que par rapport aux scènes de comédie potache elles sont plus rare. Même si elles sont plutôt bien réparties tout au long du récit, permettant de ne pas décrocher totalement.


Dans son ensemble ‘’Nagman Jaegek’’ ressemble tout de même à une dépense de temps, d’énergie et de moyens inutiles. Même si sur le tournage l’équipe semblent s’être bien éclatée, comme en témoigne un générique de fin en forme de bêtisier, sur fond de musique catchy, tentant de semer l’illusion d’avoir passé un bon moment. Ce n’est pourtant pas le cas, tellement le film rate tout ce qu’il entreprend.


Vulgaire, puéril, immature, dispensable et futile, c’est là une production qui a très peu à proposer, ne dépassant jamais un postulat de départ des plus maigres, n’essayant jamais de proposer des enjeux dignes d’intérêts, ou au minimum une histoire correcte à suivre. C’est donc bien dans le mur que fonce cette œuvre, et à toute berzingue. Bref, c’est raté de A à Z, ce qui permet de mettre en lumière les limites atteintes par le cinéma de Yoon Je-kyun.


Mais il est important dans la carrière d’un cinéaste qu’à un moment où un autre il y ait un raté. Cela permet, en plus de réévaluer ses autres œuvres, de le rendre plus sympathique. Telles de petites cicatrices parcourant une filmographie, les plantages sont aussi l’occasion de réaliser que de se lancer dans une production, ce n’est jamais gagné d’avance.


-Stork._

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le 7 mai 2020

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