Souvenirs, souvenirs...

Autant je n'ai pas grand-chose à dire sur le film, mais pour des raisons personnelles, c'est une véritable madeleine (de Proust), car c'est tout simplement le premier tournage auquel j'ai assisté.
L'histoire se passe en particulier dans la ville où je suis né, et où je vis ; Bagnols-sur-Cèze. et on était déjà au courant qu'il allait se tourner un film, et que certaines zones nous seraient inaccessibles, des endroits que je connais par cœur, et qui mine de rien provoquent une certaine émotion à revoir des décennies plus tard, car au fond peu de choses ont changé. J'ai même assisté à quelques scènes de mes yeux et du haut de mes 11 ans, j'étais émerveillé ; ce qui fait qu'au fond le film ne m'intéressait pas vraiment, mais je guettais des scènes, en même disant que peut-être j'apparaitrais en tant que figurant improvisé mais non.

Soyons clairs, Roulez jeunesse n'est pas une réussite, mais son souvenir était toujours resté dans un coin de ma tête, et depuis 1993, je désespérais de le voir enfin, car il est tant lié à des souvenirs d'enfance, et mine de rien, je ne sais pas si c'est ce film-là qui a déclenché ma passion pour le cinéma, celle qui me poursuit encore et toujours. Pour l'anecdote, j'ai galéré en vain pour le voir, remuant ciel et terre sur Internet, d'amis cinéphiles, la mairie de Bagnols/Cèze, et c'est peu dire que personne ne savait ce que c'était. Sauf qu'un de mes meilleurs amis m'a fait comme cadeau d'anniversaire, celui de mes 40 ans, une copie dvd du film, qu'il a bataillé pour la trouver, et je sais que ce sera comme un trésor jusqu'à la fin de ma vie.

Car la découverte peut-être parfois douloureuse, mais je ne dirais pas ça. Dans cette quête de personnes âgées d'une maison de retraite qui veulent retrouver deux petits jeunes qui les ont bousculés après un cambriolage, il y a l'envie de vivre quelque chose comme une dernière folie, une dernière aventure. On le voit chez ces acteurs comme Jean Carmet, Daniel Gélin, Blanchette Brunoy ou encore Gisèle Casadesus, tous dans cette maison qui est d'un sinistre, mais dont l'arrivée de ces deux petits voyous va, contre toute attente, leur donner du baume au cœur.
Non seulement, ça n'est pas génial, mais c'est en plus très très mal éclairé, et des erreurs de raccords flagrantes, et encore plus quand on connait Bagnols, et quand on les voit aller d'un point A à un point B en quelques secondes alors qu'il y a 20 km de distance, c'est difficile à y croire pour un habitant du coin. Mais surtout, la confrontation entre la jeunesse et la vieillesse (puisqu'ils se définissent eux-mêmes comme des vieux) touche quasiment au ringard, quand l'un des deux jeunes va leur faire écouter du rap, et il suffit d'imaginer Jean Carmet et Daniel Gélin écouter ça pour se dire que ça ne marche pas, même en voulant faire djeuns. Ça me rappelle ce que fera Yves Robert l'année suivante avec son dernier film, Montparnasse Pondichéry qui est automatiquement ringardisé dès qu'on y entend du rap.

Il y a quand même des moments réussis, comme la rencontre amoureuse entre Jean Carmet et Blanchette Brunoy ou les mauvais coups que font les femmes pour se rendre intéressantes pour retrouver ces deux jeunes, mais je ne peux décemment pas recommander Roulez jeunesse à qui que ce soit, car c'est vraiment ennuyeux. Et ça dure quand même près de 2h...
D'où ma note qui n'en est pas vraiment une, mais qui est une façon de lier ce film à des souvenirs.