Sofia. Une nuit. Trois voitures. Six policiers. Après Taxi Sofia, Rounds est le deuxième volet de la trilogie (des ambulances pour le futur troisième) que Stephan Komandarev consacre à l'état de la société bulgare à travers un puzzle d'histoires fortement documentées. Ici, il s'agit d'une nuit particulière, celle du 9 au 10 novembre, qui précède le jour où la Bulgarie a cessé d'être communiste (en 1989). Un film miroir, avec un constat très noir pour un pays miné par la pauvreté et la corruption. Les flics du film franchissent tous la ligne jaune à un moment ou à un autre, mais pour des raisons diamétralement opposées. S'il est question de trafic humain et d'euthanasie, parmi les sujets les plus tragiques, le film traite aussi d'abus d'autorité et de violence ordinaire, ce qui pourrait laisser penser que le scénario dramatise à outrance et charge un peu trop la barque. Ce n'est pas entièrement faux mais Komandarev réussit aussi à caser quelques saynètes comiques qui allègent un peu les choses. Sans oublier de mettre beaucoup d'humain dans ces portraits de policiers, ni meilleurs ni pires que la moyenne de leurs concitoyens, mais accablés comme eux par des conditions de vie de plus en plus difficiles, loin de correspondre aux espérances nées 30 ans plus tôt. Comme dans Directions, Rounds est un modèle de fluidité narrative et de mise en scène efficace, une sorte d'exploit pour un film au budget aussi maigre et aussi riche de thématiques.

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le 24 mai 2020

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