L'interrogation inévitable qui se soulève au lancement d'un film au pitch aussi étrange que Rubber consiste en la qualité sur le long terme. Comment un film sur un pneu serial-killer (excusez du peu !) peut tenir la route (haha...) sur plus de 80 minutes ? La réponse est : il ne peut pas. Enfin sûrement que si, dans d'autres conditions, mais en la forme Quentin Dupieux échoue dans son exercice de style. Pourtant tout allait bien au début, avec une brillante introduction qui témoigne du savoir-faire non-sensesque de l'Oizo qui aligne les scènes sans logique mais avec un goût savoureux. Les présentations avec notre personnage principal sont des plus réussies en ces termes. On voit naître ce pneu, utiliser ses pouvoirs de plus en plus puissant et devenir une véritable menace. En une demi-heure tout semble rouler (haha !) et Quentin Dupieux a poussé le délire suffisament loin pour qu'on n'ait pas à regretter le reste du voyage. Mais bon, là où le bât blesse est justement en ce qui concerne ce reste du voyage. Très vite l'inspiration s'épuise et le film tourne en rond (décidemment j'ai mangé un clown ce matin ou quoi) sans réinventer plus que ça son concept qui était pourtant propice à des expérimentations un peu plus folles ! À l'exception de son épilogue marrant on était en droit d'attendre un peu plus de ce pitch ravageur qui aurait fait l'affaire d'un excellent court-métrage d'une trentaine de minutes mais qui s'enlise dans la spirale de l'ennui au bout du fil. Dommage donc car il n'est pas le film qu'il aurait pu être.