Vouloir disserter sur un film de la Cannon, c’est comme discuter avec un poisson rouge, cela détend, mais n’a que peu d’intérêt philosophique.
Si on ne devait garder que quelques films du duo des cousins israéliens, celui-ci en ferait partie. Certes, il a des défauts inhérents au film de cette société de production (passages très mal joués, scènes totalement impossibles), mais malgré cela, il y a une vraie poussée d’adrénaline et de tension qui s’empare de nous au fur et à mesure que l’on suit la fuite en avant des deux évadés (Jon Voight et Eric Roberts).
Il n’y a pas de héros dans cette histoire, tant il est compliqué de s’identifier aux deux fuyards. Mannie (Voight) est un mec plutôt antipathique qui ne cavale pas pour retrouver la liberté mais pour affronter la mort. Il est en guerre contre tout le monde, et l’interprétation souvent borderline du personnage fait que l’on a du mal à s’y attacher. Sauf quand il fend l’armure se rendant compte dans quel état de bestialité il se trouve, le rendant totalement inhumain. Son comparse, Buck, joué par un Eric Roberts en pleine période cocaïne, est un opportuniste qui se retrouve embringué dans une cavale trop grande pour lui. Il ne comprend que trop tard que son idole, Mannie, n’est pas celui que l’on peut admirer. Jusqu’à sa rédemption finale qui lui permet d’échapper à la police en l’entraînant vers son destin funeste.
Ranken, le chef de la prison (John Patrick Ryan), est ce que Mannie aurait pu devenir s’il avait un uniforme. Guère mieux que les détenus qu’il considère comme la lie de l’humanité, il est la Némésis de Mannie. Il sait qu’il ne peut aller que vers la mort lui aussi, à la différence près, c’est qu’il en a peur.
Le film est bien foutu (malgré la première partie pleine de clichés très Cannon), et il faut reconnaître que l’on ne s’ennuie pas durant cette cavale.