Bonjour, mon nom est Max Fisher, et je serai votre guide
Raconter une histoire d'adolescent n'est pas facile, la balance penche d'un coté où la caricature de l'adolescent est tellement grossière qu'elle manque d'intérêt, ou d'un autre où l'on retrouve des adolescents à la sagesse de 20 ans de plus qu'eux. Au milieu, il y a Rushmore!
Suivez Max Fischer dans un quotidien somme toute normal, mais magnifié par cette simplicité qu'est sa conception de la vie, car personne d'autre que lui ne saura expliquer par ses actes le dicton "quand on veut, on peut!". Président d'à peu près tous les clubs de son école, il est l'archétype même du cliché du "méchant" de film qui, s'il concentrait ses efforts ne serait-ce qu'à 10% (dans ses études?), n'aurait jamais de souci à se faire et soulèverait des montagnes!
S'ajoute à cela le magnifique triangle amoureux avec Bill Murray - Olivia Williams et les coups dans le dos. Bill Murray toujours fidèle à son style d'homme perdu quasi acariâtre mais dont on finit toujours par se prendre d'affection, d'une extrême sensibilité qu'il sait distiller comme personne, et comme on le retrouvera en 2005 dans "La vie aquatique". Olivia Williams incarne à merveille la jeune femme qui tente de se reconstruire, sans jamais tomber dans les extrêmes et céder aux tentations.
Choix de la bande originale, sa symbiose avec la scène, sa couverture des dialogues et transcendance de ceux-ci, rien n'est laissé au hasard. Le dialogue est rendu volontairement surfait, le spectateur ne manquera pas de combler les trous lui-même et compléter sa propre conception de l'univers de Wes Anderson. Une poésie simple, mais qui nous touche par son esthétique réaliste dans un monde où l'exagération en tout point reste la norme pour accéder au cœur des gens.
On suit alors avec attention les "aventures" de Max Fischer dans ses bonheurs, ses tristesses, une sorte de chronique dans le parcours initiatique d'un garçon pas comme les autres, et en même temps qui nous ressemble un peu.
... Et Rushmore se transforma en "école de la vie"
Wes Anderson nous livre une oeuvre magistrale, au final peu connue mais qu'on n'oublie jamais.
Mention spéciale: Le jeune Gideon Gordon Graves, déjà joué par Jason Schwartzman dans Scott Pilgrim, et dont Rushmore pourrait décrire l'enfance...