Prabhu, entraineur de la fédération féminine de boxe est régulièrement en conflit avec Dev Khatri, l’un des hauts responsables, incompétent et plus soucieux de ses intérêts que de ceux de la fédération. Injustement accusé d’harcèlement sexuel par Dev Khatri, Prabhu est envoyé à Chenai ou les infrastructures sont quasi inexistantes.


Beaucoup moins froid et impersonnel que le biopic "Mary Kom", Irudhi Suttru traite également de la boxe féminine en Inde dans une fiction dense et rythmée menée avec efficacité par sa réalisatrice Shuda Kongara. De nombreuses thématiques sont abordées dans ce film auquel on peut reprocher un scénario assez classique mais l’incroyable duo d’acteur Madhavan, Rikita Singh portent le récit avec force et conviction. Rikita Singh est une révélation, pour son premier film, elle donne une énergie, une rage, une fragilité, étonnantes à son personnage. Madhavan, son pendant masculin, traîne une colère sourde et une révolte à la mesure. La confrontation des deux est d’autant plus explosive et sauvage que chacun d’eux, malgré un quotidien désabusé, conserve un esprit rebelle prompt à s’embraser.


Le film joue habillement sur deux registres, cette rencontre de deux âmes à vif et l’enjeu sportif mais ce n’est pas là son seul atout.


La vie rude et morne des bidonvilles de Chennai, cadre de vie de Mahdi et Lux, est sobrement filmé, sans misérabilisme, au contraire. Mahdi, poissonnière sur un marché, fait vivre difficilement la famille pendant que Lux espère grâce à la boxe obtenir un emploi de fonctionnaire qui leur permettrait d’avoir une vie meilleure. Le père s’accapare l’argent péniblement gagné par Madhi ou se convertit et rebaptise ses filles, sa femme, en leur donnant de nouveaux prénoms pour quelques billets, car "Dieu est universel", qu’il va boire. Mais ce n’est pas le glauque qui l’emporte, l’énergie, l’humour, l’amour familial transcendent ce quotidien. Les différents personnages malgré leurs failles, leurs faiblesses, restent attachants. Shuda Kongara sait avec bienveillance mettre en relief leur humanité.


Irudhi Suttru est à découvrir, bien loin des clichés du cinéma indien, c’est un film plein de vitalité porté par un duo en parfaite alchimie. Un vrai feel good movie à la tamoul sans exubérances, ni outrances, qui pose un regard lucide sur les conditions de vie difficiles des quartiers défavorisés, la corruption, le sexisme, tout en restant positif et volontaire.


À noter que Irudhi Suttru, a été tourné simultanément en tamoul et en hindi (Saala Khadoos), sa réalisatrice Shuda Kongara Prasad a remporté le "Film Fare Award" 2016. Elle a réalisé le remake telugu de 2017 "Guru" avec toujours Rikita Singh dans le rôle de Mahdi.

NumberSix
8
Écrit par

Créée

le 8 déc. 2021

Critique lue 103 fois

NumberSix

Écrit par

Critique lue 103 fois

Du même critique

Sooryavanshi
NumberSix
6

Réunion de famille

Après les attentats de 1993 à Bombay, le chef terroriste Omar Hafeez (Jackie Shroff) a mis en place un réseau d’agents dormants qui s’est fondu dans la population indienne. De nos jours, Sooryavanshi...

le 11 nov. 2021

3 j'aime

Hindi Medium
NumberSix
8

Middle Varg

Raaj Batra est le propriétaire aisé d’une boutique de tissu dans le Old Dehli. Sa femme, Meetra, désireuse d’offrir à leur fille unique la meilleure éducation possible, souhaite l’inscrire, pour sa...

le 2 janv. 2022

2 j'aime

Œil pour œil
NumberSix
7

Critique de Œil pour œil par NumberSix

Ce film de vengeance sourde, offre une tension croissante entre les deux personnages principaux à mesure que Bortak entraîne à sa suite le docteur, l’éloigne de toute vie, et s’enfonce avec lui dans...

le 7 août 2014

2 j'aime