Un seul regret : le format vidéo ne rendant évidemment pas hommage à une œuvre méritant par ailleurs tous les éloges. Même ce défaut majeur finit d'ailleurs par s'estomper rapidement tant Gérard Corbiau évite en effet miraculeusement tous les pièges du téléfilm historique, et que celui-ci n'aie en définitive pas eu un budget illimité ne gêne à aucun moment. Au contraire, on est impressionné par l'intelligence, la subtilité, la nuance caractérisant chaque scène, chaque dialogue, chaque situation, la complexité de l'époque et du contexte étant remarquablement rendu de la première à la dernière minute. On dit souvent d'un (télé)film qu'il n'a pas réussi à exploiter un sujet en or : c'est ici tout le contraire.
On peut même parler d'(or) massif tant tout est passionnant, maîtrisé, constamment juste et surtout incroyablement éclairant, à l'image des subtiles manœuvres tactiques, politiques et religieuses qui jalonnent le récit, servis qui plus est par des interprètes idéaux. Cela dit, si Rufus, Marie-Christine Barrault et s'avèrent particulièrement à leur avantage, que dire de Jean Rochefort, immense dans ce qui est probablement l'un de ses plus beaux rôles (ce qui n'est pas peu dire) ? Il est l'âme d'une œuvre qui n'en manque pourtant pas, et qui finit de nous conquérir à travers un dénouement implacable, aussi tragique qu'émouvant. Assurément l'un des plus beaux moments offerts par la télévision françaises ces dix-quinze dernières années.