Ben retourne dans sa ville natale en quête d’inspiration. Il dénichera un nid de vampires.
L'adaptation cinématographique de Salem's Lot de 2024, sous la houlette de Gary Dauberman, est une entreprise qui, malgré ses ambitions, génère une appréciation éminemment ambivalente. Il s'agit d'un film qui, en tentant de capter l'essence d'un œuvre littéraire réputée, se retrouve tiraillé entre une volonté d'efficacité et des choix narratifs regrettables. L'œuvre, en somme, nous laisse sur une impression de potentiel inachevé.
Le paradoxe de l'exhausitivité
La principale erreur de cette adaptation réside dans sa vaine tentative d'adapter exhaustivement la profusion de personnages. En voulant donner corps à toutes les figures qui peuplent la bourgade, le film dilue son propre propos, ne parvenant à donner à aucune d'elles la profondeur qui lui est due. Le montage, notoirement charcuté, engendre des apparitions fugaces et des destins expédiés, conférant à l'ensemble un caractère de synopsis maladroitement filmé. L'émotion ne s'installe jamais véritablement, et la galerie des personnages demeure une collection de visages, et non d'âmes tourmentées.
Une efficacité salvatrice, mais lacunaire
Néanmoins, il est impossible de ne pas reconnaître au film une certaine efficacité. La durée réduite, qui avoisine la moitié de celle de la mini-série de 1979, est salvatrice. Ce resserrement narratif crée un film davantage nerveux et ramassé, où le suspense s'installe sans la lenteur de ses prédécesseurs. Cette concision, paradoxalement, confère une certaine vigueur à l'action.
C'est dans cette efficacité que se loge le principal paradoxe du film : en gagnant en dynamisme, il perd en substance. Les personnages sont réduits à leur plus simple expression, de telle sorte qu'il est difficile de s'attacher à leur sort. On déplore également la présence de scènes grotesques, comme celles où un crucifix luminescent envoie valdinguer les vampires dans les airs. De telles outrances, hautement déplaisantes, nuisent à la crédibilité de l'univers horrifique et semblent tout droit sorties d'un autre registre.
Un dénouement frétillant
La conclusion, pour sa part, se distingue de celle de l'ouvrage, en ce qu'elle est plus frétillante et plus prompte. Ce n'est pas un défaut en soi, bien au contraire, car elle évite la platitude de la fin littéraire. On a le sentiment que le réalisateur a voulu conclure sur une note d'action plutôt que de contemplation.
Bref, c’est une œuvre qui se regarde, mais qui ne s'expérimente pas. Elle est à la fois une adaptation précipitée et un film d'horreur fonctionnel. On se trouve face à un objet cinématographique qui, en voulant aller trop vite, n'atteint jamais la profondeur requise.