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Un bon film noir, de la catégorie des Noir sans flic ni détective. Il va bien y avoir deux morts, finalement assez importantes, je ne spoile pas ici, mais le récit, prenant place dans les milieux de la boxe, a pour principal thème la corruption. La morale y est un peu trop manichéenne (un grand méchant que l'on va aimer détester : Lloyd Gough, ainsi que Hazel Brooks en fille fatale et vénale face à la gentille Lilli Palmer), l'originalité vient plutôt de l'arrière plan social, et un personnage principal nettement anti-héros, en réalité peu sympathique et immature, incapable de lucidité : face à l'attirance de l'argent et de la célébrité, il croit préserver l'amitié et l'amour, mais se perd complaisamment.
C'est aussi un de ces film noirs des 40's avec une peinture, un portrait peint, au centre, moins importante bien sûr que Laura (Preminger) ou The Woman in the Window (Lang), mais il faudra le placer dans une liste !
A propos de liste, John Garfield, ainsi que le réalisateur, Robert Rossen, et le scénariste Abraham Polonsky, seront blacklistés par le Maccarthysme quelques années après ce film. Alors il suffisait d'avoir fait se dérouler un film dans les milieux populaire, et de dénoncer l'argent ?
Oui, mais la réussite "au dessus de tout", ou le spectacle de la réussite, sont dénoncés également. Ainsi que la mise en scène du meurtre, et le goût du sang.
Je disais que l'originalité venait de cet arrière plan social : c'est un quartier où se mélangent juifs et irlandais, et un boxeur noir va être l'un des rares héros du film.
C'est bien sombre, la photographie de James Wong Howe est très belle, mais ce film aurait pu être mieux réalisé : c'est conventionnel et l'on s'attend un peu trop aux (spoiler, cliquez ou pas sur bandeau)


morts des deux


"gentils" masculins, enfin une happy end un peu artificielle vient clore le récit dans sa dernière minute. A noter : Aldrich assistant réalisateur ici.
On entend sans cesse dans ce film, la compo (1930) de Johnny Green "Body and soul", standard de jazz que j'adore, ça le placera également dans une future liste "films avec standard de jazz associé". Mais pourquoi cette chanson d'amour ? Parce qu'il y a une romance entre le boxeur que joue John Garfield, trop bête, et son amoureuse jouée par Lilli Palmer, trop bien pour lui. Il faudrait écrire plus de chansons dont les paroles traitent de la corruption, de bonnes chansons, en connaissez-vous svp ?
Un dernier aspect original, peu développé : une chouette scène de filles artistes au début du film, comme Lilli Palmer est plasticienne et dessinatrice, et sa colocataire sculptrice.

RémiBienvenu
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le 11 mars 2020

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Rémi Bienvenu

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