Sans pitié… et malheureusement sans âme

Rah mais cette scène d’introduction !
Qu’est-ce qu’elle m’a fait rêver !
Déjà que je suis fou amoureux de ces standards formels auxquels ce genre de productions coréennes nous habituent, mais en plus je trouve qu’au-delà de ça cette introduction savait singer avec beaucoup de malice et de talent les mimiques d’un Tarantino.
Cette plongée brutale dans un univers sans préambule, cette discussion à la fois insignifiante et à la fois étonnamment magnétique, cette rupture qui nous plonge soudainement dans la violence et la crudité de l’intrigue : ralalah mais tout y était !


Et puis… Et puis, il y a eu le reste…
Et là, ce « Sans pitié » a révélé toutes ses limites.
C’est marrant mais au final, je trouve que ce film ressemble en beaucoup de points à son récent compatriote : « Tunnel ». Non pas qu’il parle de la même chose, mais au fond, je lui trouve les mêmes qualités et les mêmes défauts.
C’est beau, certes. De même l’intro fonctionne bien. Mais après ça, le film s’enlise rapidement dans des codes plus que convenus, se noyant dans la banalité…
La seule différence c’est que « Tunnel » est une banale application des codes du film catastrophe alors que ce « Sans pitié » est une banale application des codes du film de gangster.


C’est très propre mais c’est aussi très artificiel et très creux. Les personnages présentés se réduisent la plupart du temps à des stéréotypes (qui ne sont pas toujours crédibles d’ailleurs, la palme allant sûrement au personnage de Jo Hyun-Su, même si la Capitaine Cheon le talonne très près !), tandis que les péripéties qui leur arrivent sont toutes archétypales au possible. C’est bien simple, on se croirait la plupart du temps dans une pale copie des « Infiltrés » de Scorsese. Triste…Et malheureusement, dans ce récit là, la volonté d’enchâsser la narration sur plusieurs temporalités n’est pour le coup qu’un simple cache-misère plutôt qu’un vrai enrichissement de notre lecture de l’intrigue.


Bref, c’est donc triste à dire, mais me voilà à nouveau laissé sur le carreau par une production coréenne très belle formellement mais absolument insipide en termes de fond. Deux fois d’affilée : il ne faudrait pas que cela devienne une habitude pour nos amis cinéastes en provenance du pays du matin calme…

Créée

le 16 sept. 2017

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