Sans répit
4.4
Sans répit

Film de Régis Blondeau (2022)

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Le cinéma de genre français commence à se faire sa place sur le catalogue Netflix, plus particulièrement les polars et les films d’action. Citons par exemple des films tels que Balle Perdue, Bronx, Braqueurs, La Terre et le Sang, Le Dernier Mercenaire ou encore Sentinelle. La qualité n’est pas toujours au rendez-vous mais cela fait plaisir (en tout cas moi ça me fait plaisir) de voir que certains essaient de dynamiser un cinéma français tournant souvent autour de la comédie bon enfant ou du drame social. A cette courte liste est venue s’ajouter en ce début d’année 2022 Sans Répit, premier film du directeur de la photographie Régis Blondeau, qui a décidé ici d’adapter/remaker le film coréen A Hard Day qui avait eu droit à une sortie cinéma chez nous en 2015. Bien que Sans Répit ne soit pas exempt de défauts, il ne mérite malgré tout pas le lynchage auquel il a droit un peu partout sur la toile.


Pour ceux qui l’auraient raté, A Hard Day est un excellent polar coréen qui étonne par sa construction narrative et son rythme qui va crescendo. On y suit le commissaire Ko Gun-Su, visé par une enquête pour corruption, qui, alors qu’il était en route pour assister aux funérailles de sa mère, renverse accidentellement un homme. Il décide, pour se couvrir, de cacher le corps dans le cercueil de sa mère. Mais alors que l’étau se resserre, il se rend compte qu’il est peut-être victime d’une machination car l’homme qu’il a renversé était déjà mort lors de l’accident. Ko Gun-Su va enchainer les péripéties toutes plus improbables les unes que les autres tout en essayant de prouver son innocence et de faire incriminer le vrai coupable de cette machination. Sans Répit reprend exactement la même trame, les mêmes moments clés, les mêmes scènes parfois. Mais ce qui faisait tout le piquant du film original coréen, c’était son humour noir (voire très noir) et le décalage qui était créé entre des scènes très sérieuses et cet humour noir justement. Le principal problème de Sans Répit est qu’il choisit de mettre complètement de côté cet humour noir qui donnait tout son charme à A Hard Day et qu’il va rester sérieux 1h36 durant, à quelques très rares exceptions près. Du coup, là où le film original pouvait se permettre des scènes parfois WTF (tout le passage avec le cercueil par exemple) grâce au décalage engendré par le mélange sérieux / humour noir, Sans Répit ne le peut pas et il est facile de comprendre que les spectateurs français, surtout ceux n’ayant pas vu A Hard Day, aient trouvé que certaines scènes étaient improbables (dans le mauvais sens du terme) et que les décisions que prenaient les personnages étaient parfois à côté de la plaque. En ce qui me concerne, cela ne m’a pas plus gêné que ça, ça a au moins le mérite d’amener des scènes qu’on n’a pas forcément vu ailleurs (bon, sauf dans l’original coréen) et permet d’avoir un polar qui essaie d’apporter un peu de renouveau dans le polar français souvent assez classique (sans connotation péjorative).


Bien qu’ils soient bien moins ambigus et plus clichés que leur homologues coréen de A Hard Day, les personnages de Sans Répit s’en sortent malgré tout honorablement. Du moins pour certains. Car si Simon Abkarian, tout en charisme, est crédible en grand méchant ; si Franck Gastambide s’en sort bien en flic qui enchaine les mésaventures ; si Michaël Abiteboul fait le job en meilleur ami du héros ; ce n’est pas le cas de Tracy Gotoas en stagiaire policière, qui semble à peine sortie du lycée, surtout sur les plans où on la voit avec un fusil à pompe à la main. Le réalisateur Régis Blondeau et son scénariste Julien Colombani tentent de dégrossir le film original, en accélérant certains passages (le final est bien plus long dans l’original) et en raccourcissant certaines scènes de dialogues, afin de donner un côté un peu plus action à leur bobine. Mais Sans Répit perd en impact car justement ces quelques scènes d’action ne sont pas complètement au point, la faute à un montage des plus hasardeux, et des dialogues parfois complètement bateau, pour ne pas dire à côté de la plaque. Néanmoins, l’ensemble se suit sans aucun ennui car le film est bien rythmé et plutôt nerveux, avec quelques rebondissements bien trouvés (pour qui n’a pas vu l’original bien entendu). Certes, en voulant essayer de se différencier de l’original, il en perd aussi l’essence et ce qui en faisait le piquant. Mais pour une soirée larve dans le canapé, si vous ne savez pas quoi regarder, Sans Répit peut faire le job, bien qu’il ne laissera clairement pas un souvenir impérissable malgré son côté plutôt efficace si on le prend dans son ensemble.


Soufflant le chaud et le froid, Sans Répit est un polar en demi-teinte, bien inférieur à l’original coréen qu’il remake, mais qui arrive à faire le job en proposant un divertissement malgré tout honnête.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
5
Écrit par

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le 24 mars 2022

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cherycok

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