Bien plus subtil qu'il n'en a l'air, Sans retour se pose comme l'une des références ultimes du survival intelligent. En ce sens qu'il ne se repose pas sur des idiots courant dans un bois vers leur perte mais qu'il se sert habilement de la tension générée par ce genre de chasse à l'homme pour mettre à mal des personnages qui existent réellement. Ainsi pendant la première partie de son film, Walter Hill pose intelligemment tous ses pions afin de mettre son spectateur à l’affût, désireux de voir comment ces différentes personnalités vont se faire malmener, sans pour autant espérer complètement leur massacre, ce qui est généralement le cas dans les survival bas de gamme où les personnages sont tellement casse pied qu'on ne souhaite qu'une seule chose, qu'ils meurent !


On assiste aux affrontements avec intérêt jusqu'à une fin magistrale, lors de laquelle tous les ingrédients du genre, qu'a semé le cinéaste pendant tout la course poursuite dans les bois, explosent pour nous servir un moment d'une tension extrême. Rarement je n'ai ressenti cette oppression, cette empathie pour les survivants. C'est aussi le fait que Sans retour soit un film sans compromis et dépourvu de toute huile morale qui nous ferait deviner le dénouement avant l'heure. Certes, on sait très bien qui a le plus de chance d'en réchapper, mais jamais on se dit qu'ils vont s'en sortir à coup sur. Et c'est bien là où Hill frappe fort avec Sans retour.


Il fait de son film non seulement une course poursuite intense dans un marais envahi par la brume, mais il lui confère surtout les codes des films de guerre. Cette escouade composée de couards rappelle les têtes brûlées d'un Platoon ou d'un Apocalypse Now, à ceci près que la compétence n'est pas dans leurs attributions. Non, ils ne sont que des hommes normaux, qui se croient capables de maîtriser les arts de la guerre parce qu'ils les ont lus dans des bouquins. Mais sans vraies balles, et sans réel entraînement surtout, la réalité est toute autre.


En bon film des eighties, Sans retour ne se perd jamais dans des trames inutiles et livre l'essentiel. Pas de bout de gras pour une bobine prenante de bout en bout et bien sur une bande son aux petits oignons qui nous met dans l'ambiance dès l'intro. En bref, une référence ultime du survival, en plus d'être une oeuvre intelligente et maîtrisée. A découvrir sans tarder s'il n'est pas déjà dans votre top du genre.

oso
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 16 févr. 2014

Critique lue 501 fois

9 j'aime

3 commentaires

oso

Écrit par

Critique lue 501 fois

9
3

D'autres avis sur Sans retour

Sans retour
Ugly
8

Le bayou, c'est l'enfer

Walter Hill fait partie de cette génération de cinéastes musclés qui pointent le nez à l'aube des années 80 et à laquelle appartiennent des gars comme John Milius ou John Carpenter ; je l'ai...

Par

le 4 avr. 2020

27 j'aime

18

Sans retour
cinewater
7

Critique de Sans retour par Ciné Water

Après The Warriors que je vous conseille fortement et The Driver, source d'inspiration totale pour le récent Drive de Refn, je continue d'explorer l'oeuvre de Walter Hill. Southern Comfort ou Sans...

le 5 juil. 2014

11 j'aime

Du même critique

La Mule
oso
5

Le prix du temps

J’avais pourtant envie de la caresser dans le sens du poil cette mule prometteuse, dernier destrier en date du blondinet virtuose de la gâchette qui a su, au fil de sa carrière, prouver qu’il était...

Par

le 26 janv. 2019

81 j'aime

4

Under the Skin
oso
5

RENDEZ-MOI NATASHA !

Tour à tour hypnotique et laborieux, Under the skin est un film qui exige de son spectateur un abandon total, un laisser-aller à l’expérience qui implique de ne pas perdre son temps à chercher...

Par

le 7 déc. 2014

74 j'aime

17

Dersou Ouzala
oso
9

Un coeur de tigre pour une âme vagabonde

Exploiter l’adversité que réserve dame nature aux intrépides aventuriers pensant amadouer le sol de contrées qui leur sont inhospitalières, pour construire l’attachement réciproque qui se construit...

Par

le 14 déc. 2014

58 j'aime

8