Un film sur la prostitution masculine est par définition assez rare pour qu'on s'y intéresse. La réalisatrice Camille Vidal Naquet a pris du temps pour s'informer sur le sujet et pour interroger longuement des prostitués sur la réalité de leur emploi et des conséquences sur leur vie.


On pourrait craindre d'un film documentaire mais elle s'en sort assez bien en nous présentant une narration soutenue avec beaucoup de justesse. La réal ne semble pas vouloir porter un quelconque message ou alerte mais elle décrit de façon crue la réalité d'un homme qui vend son corps.


Parlons-en de notre héros : 22 ans, le corps et l'âme très affectés par son mode de vie.On le suit entre ses clients aux demandes et envies variées et sa quête amoureuse d'un de ses collègues qui est -de fait- pas intéressé probablement dû à son hétérosexualité (qu'es ce qu'ils font chier ces oppresseurs).
Et notre jeune est aussi sans domicile, ce qui ne l'aide absolument pas à s'en sortir. Là où ses collègues font ce qu'ils font , ils l'estiment provisoire alors que ce jeune idéaliste n'imagine même pas une autre solution ou tout simplement d'arrêter. Il donne l'impression d'aimer ses activités ce qui l'oppose complètement à son crush qui à la chance de tomber sur un vieux qui l'embarque en Espagne pour sa retraite. C'est ce que peuvent espérer de mieux, les gens comme nous . La réponse du crush en question à notre héros sentimental qui lui demande de rester.


Bref, le héros tire une tronche de chien battu pendant la moitié du film, ignore superbement les médecins qui tentent de l'avertir et se fait martyriser au plug par un couple qui refuse de le payer. Les héros modernes !


Beaucoup de thèmes sont abordés dans ce film : la dangerosité et la précarité d'un tel métier, la concurrence entre prostitués et les clients black-listés notamment celui que les gars dans le milieu appellent le pianiste.


Que dire de plus ? Bien interprété, bien réalisé, pleins de bonnes idées, assez novateur au regard du sujet. Bon cru 2018.

BlackHornet
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2018

Créée

le 31 août 2018

Critique lue 684 fois

2 j'aime

BlackHornet

Écrit par

Critique lue 684 fois

2

D'autres avis sur Sauvage

Sauvage
AnneSchneider
9

Chat perdu sans collier

Une consultation médicale. Sérieux, le médecin questionne son patient, qui répond de la manière la plus exacte possible. Suit l’examen clinique, sur la table d’auscultation. Le médecin entreprend...

le 21 juin 2018

25 j'aime

11

Sauvage
mymp
7

Walk on the wild side

Léo est là, ici, il marche, il court, il danse, il baise, il embrasse. Léo se vend, il vend son corps, sa bouche, sa bite et son cul. Un corps que l’on étreint, que l’on prend, que l’on ausculte, que...

Par

le 29 août 2018

21 j'aime

Sauvage
The80sGuy
8

Esprit amoureux, Corps meurtri

Après s’être expérimenté dans la réalisation avec ses 2 courts métrages, Backstage en 2001 et Mauvaise tête en 2013, Camille Vidal-Naquet, enseignant en analyse filmique, se lance dans la mise en...

le 4 juin 2018

13 j'aime

Du même critique

Venom
BlackHornet
3

Venom, le coach qu'il vous faut (pas)

Disons le tout de suite : inutile de se payer un abonnement Meetic et d'écumer les profils. Le plus simple est de s'offrir un symbiote. Le modèle Venom est joignable 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24...

le 11 oct. 2018

15 j'aime

Burning
BlackHornet
5

Génie ou vide de sens ?

Telle est la question. Clairement, on a l'impression de regarder un travail inachevé. Comme si la réflexion se cassait la figure au milieu du film; le reste étant une nébuleuse anarchico-masturbative...

le 17 sept. 2018

14 j'aime

La Cravate
BlackHornet
7

- « Es ce que je suis un connard ? » Probablement pas…

Même si mes quelques amis antifa ne seront pas d’accord avec moi… Ces derniers jours, j’ai beaucoup hésité à aller voir ce film – documentaire. Enième diatribe contre les méchants du FN, ou...

le 9 févr. 2020

13 j'aime

2