Qu'est ce que Pierre Niney ne nous avait pas encore prouvé ? Qu'il pouvait être musclé et fort. Le voilà sous les traits scultés d'un sapeur-pompier. Et pas n'importe lequel, un pompier exemplaire et héroïque, si l'on ne considére pas déjà que pompier est synonyme de héros... Si le commun des mortels est bien content de pouvoir taper le 18 en cas d'urgence pour se voir secourir le plus vite possible, ce film a tenu à nous montrer les coulisses cauchemardesques d'une vie de sauveur.


Les pompiers qu'on envoit sur le terrain sont souvent jeunes. Jeunes diplomés, jeunes adultes, jeunes parents...etc. Autrement dit, tout commence pour eux : leur carrière, leur vie de famille. Ils ne rêvent plus mais s'acharnent à réaliser leurs rêves. Sauf qu'un pompier, en plus de nécessiter un corps de fer, doit posséder un mental d'acier. Sa vie, bien qu'elle compte, passe après celle des autres, n'est ce pas ? Alors ses rêves... Même si les pompiers apprennent à réduire les risques, à éviter le danger, ils y sont exposés chaque jour et se doivent de le contrôler un maximum. Toute cette problématique d'un métier indispensable est rudement bien abordée ici. Le côté docu-fiction de Sauver ou périr la rend plus intense. Je pense aux scènes d'alarme, lorsque les pompiers sont appelés pour partir en mission, les scènes d'action en somme, au coeur de la mort et des flammes.


Le bonus de ce drame c'est justement le drame. Pierre Niney est fait pour toucher et l'accident de Franck lui donne l'occasion de le faire avec peu de moyens, peu de mots, peu de gestes. Le choc d'un accident réduit à si peu de choses la capacité des victimes à surmonter les difficultés... en cela, tout accidenté est un héros dès lors qu'il se démène pour remonter la pente et affronter la rigidité de la société, celle qui dénigre la différence. De là on passe d'un sujet ciblé, celui des pompiers, à un large topic celui des martyrs de la vie. Intolérante est la société, à tel point qu'elle en devient immorale. Mais n'est ce pas ce que renferme le corps qui importe ? On discrimine ce qu'on voit avant même d'essayer d'apprécier ce qui se réfugie à l'intérieur. Dommage que notre enveloppe soit la première chose qui nous définisse aux yeux des autres.


C'est là qu'intervient un autre thème récurrent tout du long de notre existence et du long-métrage : l'amour. Concept impalpable sans lequel Franck aurait certainement été une tombe de plus. L'amour d'un homme (ou d'une femme, ça marche aussi) pour sa famille, ses enfants et la personne qui l'accompagne. N'est-ce pas ce qui tire vers le haut, ce qui nous arrache à la lumière blanche lorsqu'on est sur le point de basculer dans l'autre monde ? L'amour de Cécile pour Franck, un amour résistant, combattant, un peu fragilisé mais réanimé sans doute... L'amour qui transparait sur l'affiche du film. Plus que l'uniforme c'est l'union qui saute aux yeux.


Pour résumer, Sauver ou périr est un film dur, émouvant (pour ne pas dire triste en fait), un film presque désespérant, à moins d'être convaincu par la fin, ce dont je ne suis pas sûre pour ma part. Je crois qu'il est possible d'en faire un film moralisateur, bien que la morale soit finement exposée. A côté de cela, le couple protagoniste crève l'écran même si je crois que Pierre Niney mène la danse.


J'aurai fini mon année cinématographique 2018 dans les larmes mais au moins avec un bon film.

abauteure
7
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le 8 janv. 2019

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