Une petite rue populeuse de New-York par une fin d'après midi caniculaire de début d'été, les gamins vont s'ébrouer dans les jets des bouches d'incendies entre deux comptines, les habitants d'un immeuble se retrouvent à bavarder au frais avant de rentrer dîner, ils viennent de tous les pays, font tous les petits métiers du monde, et cancanent à en faire rougir une concierge parisienne...
A ce jeu, Beulah Bondi est championne du monde toutes catégories, extraordinaire d'humanité rance entre sa mauvaise nature, son fils dégénéré et son visage de fouine vicieuse...
Dans l'immeuble, les destins se croisent, les petites histoires se dénouent, Vidor filme ça comme un dieu grec et sans quitter le seuil, nous sommes dans dix petits mètres d'un côté comme de l'autre et Sylvia Sidney débarque enfin, trop jeune, trop jolie, trop douce pour la petitesse quotidienne de son voisinage, terriblement humain pourtant...
Un cinéaste contemporain dégénéré dont le nom ne viendra pas souiller ma critique reprendra honteusement le principe du film dans les années quatre-vingt en rajoutant de la musique de merde et ses problèmes raciaux maladifs, que cela ne vienne en rien refroidir votre envie de découvrir ce film, la ressemblance n'est que de façade, chez Vidor, chaque habitant existe plus vrai que nature, chaque plan est d'une prodigieuse virtuosité tout en restant d'une évidente simplicité et les petites scènes en disent peut-être plus long que les grandes.