A force d'aligner film mineur sur film mineur, il va devenir très difficile de cacher que Woody Allen n'a décidément plus tout à fait sa verve d'antan. La veine comique du cinéaste s'est visiblement bien tarie, comme le prouve une fois encore ce Scoop à l'humour téléphoné finalement bien plus embarrassant que drôle. Si les retrouvailles sur le mode léger de la jolie Scarlett et de Woody - ici à nouveau acteur - ainsi que le thème comico-policier laissaient espérer une farce incisive et pétillante dans la lignée de l'excellent Meutre mystérieux à Manhattan, il n'en est hélas rien.
Tout comme Splendini, le magicien qu'il incarne dans le film et qui n'amuse que lui-même avec sa prestidigitation de supermarché, Allen donne l'impression d'un cabot qui aurait perdu toute foi dans ce qu'il fait. Sa mécanique du rire est grippée et pour tout dire assez consternante. Une science appliquée de la comédie qui ne fonctionne que rarement tant le montage étire des scènes inutiles et sape systématiquement le rythme des scènes de comédie - élément pourtant capital, on le sait, dans la réussite d'un film de ce genre.
Incontestablement, Scarlett Johansson papillonne dans chaque scène avec beaucoup d'entrain même si elle n'échappe pas elle aussi au travers de l'imitation allennienne. Jackman est parfait de charme suave mais Allen est une caricature de lui-même, bredouillant des dialogues en très petite forme qui au mieux font sourire à deux ou trois reprises. Manque de complicité entre son personnage et celui de Johansson, intrigue indigente qui se complaît dans le superficiel, Scoop manque indéniablement de punch, de peps, et de vitamines, et se range sans problème du côté des plus mauvais films de son auteur.