Virtual Insanity

Le paradoxe de "Searching", c'est que sans la singularité de la mise en scène, cette enquête sur une énième disparition d'enfant apparaîtrait quelconque, voire basée sur de grosses ficelles et des incohérences.

Mais dans ce contexte de screener (sous-genre du thriller utilisant une narration basée sur le concept des écrans interposés), j'ai trouvé le scénario malin, réussissant à placer plusieurs twists bien sentis, l'ensemble restant plutôt bien ficelé avec les moyens du bord (seul le happy end m'a gavé, et la façon d'y parvenir pas loin d'être putassière).

Avant cela, durant les deux premiers tiers du film, on évite les effets narratifs appuyés, on reste dans une critique légère et pertinente des travers du web et de nos vies (dé)connectées… mais du coup on n'est pas loin de s'ennuyer, et on est bien content que l'aspect thriller prenne progressivement de l'ampleur.

Deux parti-pris sans doute irréconciliables entrent donc en conflit, c'est pourquoi je choisis l'indulgence vis à vis de "Searching" : s'il n'est pas révolutionnaire (voir avant lui dans des registres similaires "Open Windows", "Unfriended"...), le premier film d'Aneesh Chaganty reste assez novateur et parvient à tenir debout en choisissant une voie intermédiaire, et en respectant son concept de départ (malgré quelques séquences artificielles pour rester dans les clous).

A l'instar de John Cho et Debra Messing, les comédiens font leur job correctement, l'utilisation des divers logiciels/sites web/réseaux sociaux apparaissent bien intégrés au sein d'une mise en scène certes un peu trop didactique (l'écran n'est jamais fixe, on zoome sur ce que le spectateur doit regarder), et j'ai apprécié les deux-trois touches d'humour intelligemment intégrées, qui illustrent une forme de distanciation bienvenue :