Dans la France occupée de 1941, un manifestant communiste tue un officier allemand. Afin de payer en quelque sorte la faute, les nazis demandent à l’État français, sous la menace de représailles, la condamnation à la peine de mort de six prisonniers par le vote d'une loi rétroactive.
Tiré d'une histoire vraie, Section spéciale est un film assez ardu, à la fois sur la mainmise des nazis sur le pouvoir français, mais aussi sur le zèle de ces derniers à les obéir, notamment du côté des collaborateurs, dont l'excellent Michael Lonsdale. Tout repose sur cette ambiance étouffante, qui se passe le plus souvent en intérieurs, dans des cours de justice, mais les quelques moments en extérieurs sont impressionnants, à l'image de la manifestation initiale, ou celle, plus terrifiante, des dernières minutes, qui devait sonner au moment de la sortie du film comme réaliste, car rappelons qu'en 1975, la peine de mort existait encore.
On voit aussi de manière étonnante le contrôle de la justice par la politique, car ces condamnés à mort qui ne le sont pas (ils purgent des peines légères) sont en quelque sorte le prix du sang de la colère nazie, et qu'ils servent donc de victimes sacrificielles.
Que ce soit dans des petits ou des grands rôles, on retrouve Bruno Cremer, Yves Robert, le glaçant Claude Piéplu en président de cette section spéciale, Louis Seigner et même Michel Galabu dans un de ses premiers films où il est sérieux, avant Le juge et l'assassin.
Section spéciale est un film où l'ombre du Maréchal Pétain plane comme une ombre menaçante, on l'entend à la radio, on voit ses bras furtivement, et c'est à l'image de Section spéciale, pas facile d'accès car il traite avant tout des arcanes déréglées de la justice, mais en reste très intéressant.