Polar particulier parce qu’avec aucune enquête. Juste une descente aux enfers d’un toubib, mise en parallèle avec celle d’un de ses confrères quelques années auparavant dans la même ville.
Rouffio signe un film à l’intelligence folle, car le montage est la pierre angulaire de cette histoire. On sait rapidement que le vieux patron d’une clinique privée (Charles Vanel) est un manipulateur capable de pousser au suicide certains confrères. Le premier à se faire piéger est Berg (Depardieu). Celui-ci prend des parts de marché au vieux Vanel, et il joue sur les leviers du vice (la tricherie aux cartes) pour le pousser jusqu’aux dernières limites (il va tuer ses trois enfants et sa femme avant de se donner la mort).
Le problème se repose avec un autre chirurgien (Piccoli) qui est un idéaliste croyant à son métier dans le public, et ne voyant pas qu’il va gêner la clinique privée. Là, le vieux toubib va jouer la carte de la santé (infarctus) face à son confrère.
C’est sombre et ne donne pas une image très reluisante des relations entre médecins, mais jouant la carte du réalisme, cela sonne juste.
On a clairement une remise en question du modèle privé (qui touche le public de nos jours) de la gestion de l’humain, car il est très clair que l’on en parle en termes de profit, pertes de part de marché et rentabilité. La patientèle étant une variable d’ajustement.
Piccoli montre tout son talent dans ce rôle de chirurgien. Il est d’une crédibilité renversante.
Charles Vanel en vieillard manipulateur et cynique est parfait. Il incarne à merveille la violence en flanelle, celle qui se cache derrière des oripeaux bourgeois mais qui est la plus terrible car ne disant pas son nom.
La scène où Depardieu décide de tuer sa famille est abominable de tension et de violence insoutenable.
On a à faire à un polar qui n’en est pas vraiment un, caché derrière une image de film français très années 70 qui est en fait une réflexion très politique et intellectuelle sur la place de l’homme dans le milieu médical.