J'avais vu Schizophrenia il y a quelques temps, et la recherche d'un film dans le même esprit m'avait mené à Carne de Gaspar Noé. J'avais détesté, mais bizarrement ça ne m'avait pas découragé de regarder Seul contre tous, la suite du court-métrage de Noé, un long-métrage très inspiré de Schizophrenia justement.
Dans les bonus DVD de ce dernier, Noé raconte avoir été très marqué par ce film, qu'il a vu quand il faisait Carne.
Pour Seul contre tous, il recopie carrément l'intro du film de Gerald Kargl : voix-off sur une série de photos, qui fait le récit de la vie du protagoniste.
Et de Carne, le réalisateur reprend les deux effets de styles qui m’avaient pris la tête : ce bruitage tonitruant à chaque écran noir (et dans l’intro, il y en a toutes les 15 secondes), et ces raccords dans l’axe avec un bruit de détonation. Noé devait être tout content de ses 2 seules trouvailles, et donc en abuse.
C’est très vite saoulant, d’autant plus que, là encore, il n’y a aucune justification à cela non plus, ça ne sert aucunement à souligner un passage important, et même si c’était le cas, la récurrence du procédé le rendrait vite futile.
C’est dramatique, mais au bout de 5 minutes, juste à cause de ça, je savais que je ne tiendrais pas jusqu’au bout.
Pourtant, cette histoire d’un type obligé de rester auprès d’une mégère pour refaire sa vie, après avoir tout perdu, ça aurait pu donner un film intéressant. Mais on ne peut certainement pas compter sur Noé pour traiter correctement un drame, Seul contre tous est avant tout un film bête et vulgaire, et à la fois le réalisateur/scénariste et son personnage principal se complaisent dans cette vulgarité, qu’ils répandent dans le film aussi souvent que possible, en toute gratuité. Peu importe le sujet abordé, il faut placer "bite", "cul", "merde" quelque part dans le texte. Ca se transforme vite en répliques grotesques dignes d’un porno.
Les personnages sont tous détestables, soit idiots, soit haineux. Y compris le héros, dont la voix-off occupe une bonne partie du film, avec ses réflexions à deux balles.
Je ne reproche pas à la vision du monde qu’il propose d’être pessimiste, mais elle est surtout réductrice. Il raconte de ces conneries qui pour moi ont été vraiment navrantes, et je ne sais pas si le réalisateur partage ses idées, mais il nous les impose tout au long du film, sans aucun recul ou contrepoint.
De toute façon, Gaspar Noé qui veut tenir un propos, ça n’est pas intéressant. Même lorsque j’ai vu les films qu’il a fait que j’ai aimés jusque là, à savoir Irréversible et Enter the void, je m’étais fait la réflexion que ce que j’appréciais, à savoir l’expérience visuelle en gros, n’était pas dû au talent du cinéaste mais à celui des gens dont il s’entoure. Les deux films cités brillent surtout pour leur concept, pour la réussite technique qui offre au spectateur une expérience sensorielle et émotionnelle unique, pour le talent des acteurs éventuellement (les dialogues d’Irréversible dans le métro ont été improvisés). J’ai l’impression que Noé ne fait qu’apporter une idée, c’est à ses cameramen, chef-ops, comédiens, et techniciens en post-prod (cf les modifs apportées sur Irréversible) de se débrouiller, et à mes yeux c’est à eux qu’on doit un bon film.
Je ne sais pas si j’irai voir Love maintenant…