Sexandroide
Sexandroide

Moyen-métrage de Michel Ricaud (1987)

Sexandroide est un film ou plutôt un moyen métrage tourné directement en vidéo dans les années 80 pour le marché de la VHS par Michel Ricaud dont la carrière se compose à 99,5 % de films pornographiques. Avec Sexandroide le réalisateur propose une vidéo trash et expérimentale qui s'inspire semble t-il en partie d'un spectacle type grand guignol qui tournait dans certaines boîtes de nuit de l'époque. Le film s'inscrit aussi dans la droite lignée des autres franc-tireur et artisans du Z horrifique comme Norbert Moutier et le bon docteur Gore Antoine Péllissier.


Sexandroide est donc un sorte d'anthologie de 53 minutes composée de trois segments qui tourne autour des thématiques du vaudou, du sadomasochisme tendance torture porn et du vampirisme.


Sexandroide est un film qui s'adresse un public averti tant il pourra par instants mettre mal à l'aise y compris les pires amateurs de nanars, de séries Z et d'expérimentations cinématographiques bizarres. Le film entièrement tourné en vidéo dans un décor presque unique de bistrot et de sa cave se range dans la catégorie des expérimentations trashouilles à la provocation un peu gratuite. On sent que Michel Ricaud voulait jouer à fond la carte de l'horreur gore, du malaise glauque et de la provocation mais son film est avant toutes choses un improbable nanar très drôle même si parfois le rire s'étranglera soudainement face à la gratuité de la violence proposée. Une des constantes du film reste l'érotisme totalement gratuit qui fait que les trois actrices des trois segments trouveront toujours une occasion plus ou moins justifiée de se retrouver rapidement à poil. Dans le premier segment c'est une malheureuse qui se fait arracher tous ses vêtements par une sorte de prêtre vaudou qui à distance déshabille une poupée de cire, dans le second la jeune femme va se mettre nue sans trop d'explications et dans le dernier volet c'est un vampire qui arrachera tous les vêtements d'une malheureuse femme éplorée avant d'en faire son repas, mais en même temps on retire tous la viande de son emballage avant te la dévorer. L'autre constante du film c'est qu'il est quasiment entièrement muet et composé la plupart de temps uniquement de gémissements, de cris, de râles, de grognements, de souffles, de respirations, le tout ajouté en post-production avec des doubleurs aussi inspiré(e)s que pour un film de cul bas de gamme.


Dans le premier volet nous allons donc suivre jusqu'aux toilettes une jeune femme qui se retrouve attaquée à distance par une sorte de prêtre vaudou dont on ne verra jamais le visage et qui s'amuse à planter des aiguilles dans une poupée qu'il avait pris le temps d'habillée pour mieux lui arracher les vêtements par la suite. La malheureuse verra donc dans la réalité ses fringues arrachées par des techniciens hors champs tirant frénétiquement comme des malades sur le moindre bout de tissus tandis qu'elle fait des "hannnn hooooo hummmm non ahhhhhh ihhhh ohhhhhh Késkispasse Ihhhhhh" sans ouvrir la bouche. Avec une certaine complaisance sadique notre vaudou-boy va planter ses petites aiguilles dans divers parties du corps de sa victime, le ventre, les seins, le vagin, les yeux et la tête et la tête alouette ... La victime qui semble plus émettre des petits gémissement plaintifs de plaisir que des cris de douleur se mettra donc à vomir et saigner des différentes parties du corps cités plus haut avant de finir sordidement égorgée au-dessus d'une cuvette de toilette. Bien sûr, cette de cette description un peu glauque ne prête pas vraiment à s'esclaffer, mais le doublage catastrophique, le striptease à l'arrache et la gratuité un peu crasse de l'ensemble fera bien plus souvent sourire que frissonner.


Le second volet va nous offrir une sorte de grand 8 émotionnel le film commençant comme un véritable nanar avant de verser dans le torture porn radical et gorissime pour ensuite retourner vers le mauvais film rigolo. Après un long (trop long) plan de casiers à bouteille de pinard nous allons découvrir jeune femme type gothique qui se retrouve dans une cave après avoir mis un éternité à en descendre les marches. Elle se fait ensuite agresser par un homme entièrement habillé de noir sur lequel la jeune femme va dans un premier temps tirer au pistolet le faisant tomber au sol en s'agitant comme une carpe jetée en bord de rivière, ensuite l'agresseur va se relever et disparaitre (??). Du coup la jeune femme commence à se déshabiller, normal , elle embrasse une vieille tête fumante décomposée qui traîne sur une table, normal, elle danse avec des torches et s'allume le bout des doigts comme des bougies, normal, et entreprend de se fouetter en poussant des petits gémissements hilarants tout en ondulant de la croupe, normal. Lorsque son agresseur reviendra, la malheureuse essaiera de se cacher tant bien que mal sous une table mais laissera dépasser son cul la condamnant à être retrouvé plutôt facilement par l'homme. Ensuite, durant de très longues minutes, car c'est le sketch le plus long des trois, l'homme avec un étrange maquillage tellement grotesque et laid qu'il ferait presque peur va torturer la malheureuse en lui infligeant les pires sévices. C'est sans doute ce segment qui ressemble le plus à un numéro de cabaret tordu entre magie, grand guignol et happening pouvant tourné dans des boîtes de nuit. Si les effets spéciaux sont rudimentaires ils sont également plutôt efficaces et font de ce sketch un moment parfois assez éprouvant. C'est surtout certains services visiblement mon simulés qui mettront soudainement en sourdine notre envie de rire malgré les gémissements, les cris et les grimaces de l'actrice complètement roue libre. Même si la comédienne est sans doute une performeuse artistique adepte des jeux sadomasochiste tendance fakir, les séquences avec les aiguilles plantées dans ses tétons et ses seins semblent avoir été réalisées sans aucuns trucages bien loin des autres effets parfois chocs mais bien moins réalistes. On retrouve cette même volonté de choquer et d'aller au bout d'une horreur dérangeante et gratuite faisant flirter le film du côté du torture porn à la Guinea Pig avec langue percée, œil arraché et autres joyeusetés pour les amateurs de gore qui fait mal. Fort heureusement pour retrouver un petit peu d'air en se ventilant les zygomatiques et un peu de de légèreté, la comédienne nous offrira un formidable moment de portnawak avec une sorte de crise spasmodique avec grimaces, tremblements exagérés des membres et roulements hystériques des yeux. Ce segment qui ne cesse de souffler le chaud et froid entre nanar désopilant et horreur crapoteuse qui met mal à l'aise est incontestablement très mauvais mais reste le meilleur sketch de Sexeandroide.


Le dernier petit film qui compose cette anthologie bardée de mauvais goût met en scène un vampire qui sort de son cercueil pour croquer le cou d'une veuve éplorée en voilette. On retrouve le magnifique décor de cave du segment précédent avec tenture noire, bougies et poster Skyrock pour faire crypte gothique. Le sketch ne raconte strictement rien et ressemble vraiment à du remplissage par le vide pour s'approcher de l'heure de métrage. Alors pour passer le temps, durant de très longues minutes Michel Ricaud nous propose la danse bien plus ridicule que lascive d'une "actrice" nue, le visage peint en blanc avec un dentier de vampire de farces et attrapes et qui ondule de la fesse et frétille du nichon autour d'un vampire qui la regarde d'un œil goguenard du fond de son triste cercueil. Ce même vampire l'avait mordu quelques minutes auparavant après lui avoir difficilement arraché ses vêtement vu comment l'actrice tente de péniblement l'aider à retirer ses frusques. Après avoir dansée comme dans un club de striptease de province jusqu'à la durée réglementaire d'un moyen-métrage, la jeune femme ira rejoindre le vampire dans le cercueil et en refermant le couvercle elle glissera un petit panneau ne pas déranger, histoire de finir sur une note humoristiques mais bien moins drôle que l'intégralité de ce nanar parfois malaisant mais souvent hilarant.


Sexandroide est visuellement complétement fauché avec une image camescope bien dégueulasse, le film est monstrueusement paresseux et ne s'embarrasse ni d'intrigue ni de dialogues, l'étalage de nudité va au delà de la gratuité salace, l'horreur recherche assez systématiquement le trash malaisant, les doublages composés à 99% de râles, plaintes, cris, gémissements et grognements sont absolument hilarants .... bref, Sexandroide est un gros Z qui tâche pour amateurs très avertis.

freddyK
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le 14 juin 2022

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