La pléthorique carrière de Jess Franco ne compte pas que des bons films loin de là, si la grande majorité sont justes moyens, d'autres sont carrément très mauvais comme ce El Cannibal de 1980 vraisemblablement tourné en même temps que Mondo Cannibale qui sortira la même année. Cette production entre Espagne, France et Allemagne surfant sur la vague des films de cannibales italiens va connaître de nombreux titres comme Chasseur de l'Enfer ou Sexo Cannibal (les deux fiches Sens Critique existent d'ailleurs) mais aussi Chasseurs d'Hommes, Devil Hunter ou O Raptor. Bien que globalement assez soporifique et mal foutu, le film penche aussi vers le réjouissant nanar pour mon plus grand bonheur.


Dans Sexo Cannibal nous allons suivre le triste destin de la pauvre Laura Crawford une actrice et mannequin qui se fait enlevée et conduire sur une île isolée en attendant une rançon. Un mercenaire, ancien du Vietnam, est envoyé à sa recherche et devra lutter à la fois contre les ravisseurs mais aussi une tribu indigène vouant un culte à un dieu cannibale.


Faire un film de près de 105 minutes quand on a un scénario qui tient sur un timbre poste et rien de plus à raconter forcément c'est long. Du coup en bon filou qu'il sait être parfois Jess Franco étire ses plans un peu plus que de raison et nous balance d'interminable scènes avec de types qui marchent dans la jungle pour se déplacer sans boussoles d'un point A vers un point B. Roublard du boular, Franco nous gratifie également à une fréquence métronomique des séquences de nudité gratuite avec il est vrai un casting de jolies donzelles peu frileuses dont l'allemande Ursulla Buchfellner (playmate du magazine Playboy en 1979), la française Muriel Montossey vue chez Phillipe Clair, Jean Rollin, Max Pécas, Michel Nerval ou dans La Classe avec Fabrice (Oh putain quel CV!!) et la très jolie Aline Mess (qui tournera tout de même pour Ettore Scolla) et qui incarne ici la prêtresse du village qui a une furieuse tendance à twerker du fion lors de cérémonies à la gloire du dieu cannibale. Et c'est bien sur l'aspect érotique que le film va le plus tenir ses maigres promesses car côté aventures, action et horreur on sombre vite dans le joyeux n'importe quoi. Le mercenaire avec la moustache d'Astérix et le brushing de C Jérôme est interprété par le monolithique Al Cliver et c'est un bonheur de le voir se recoiffer coquettement la mèche quand un méchant le surprend arme au poing en sortant d'un arbuste fleuri. Je ne suis pas près d'oublier non plus la séquence qui le montre sur une plage évitant les balles et s'éloignant à coups de gracieuses roulades avant tandis que les vilains le canarde allégrement dans tous les sens. Du bon vrai héros qui grimpe les falaises à mains nus, fait du kung-fu approximatif et qui forcément repartira au final avec la poulette blonde à poil qu'il va sauver posée négligemment sur le coin de l'épaule. Mais le plus drôle reste encore lorsque le héros se castagne avec des coups à peine portés bruités à grands coups de marteau dans une lessiveuse métallique pour un effet absolument hilarant. La confrontation finale contre le dieu cannibale est à ce titre à pisser de rire.


Qui dit cannibales, dit forcément tribu indigène et qui dit tribu indigène dans un film fauché dit figurants bigarrés en pagne tentant désespérément d'être plus crédible qu'un animateur dans un club de vacances. Vous aurez droit ici à du figurant le regard torve qui se demande ce qu'il fout là, du blanc bec qui ne fait pas trop couleur local, de l'indigène qui a oublier de retirer son alliance et du joueur de djembé frénétique avec chaîne en argent autour du cou. Mais le top reste le fameux dieu cannibale, un grand black qui se ballade la bite à l'air dans les fougères et dont le haut du visage est grossièrement maquillé avec deux balles de ping-pong en guise de gros yeux globuleux. D'ailleurs je n'ai pas bien compris si il était aveugle vu que Jess Franco nous sort le coup de la mystérieuse vue subjective accompagné du râle asthmatique du méchant. En tout cas si Jess Franco filme parfois avec une complaisance qui frise le malaise le cul de ses actrices il nous offre aussi dans un soucis de parité de magnifiques contre plongées sur l'entre jambe triomphant de son dieu cannibale. Si le film était en relief on se prendrait assurément des coups de zguègue dans les deux yeux. Quand au gore du film on tape dans le fauché rigolo avec une tête décapitée qui n'est rien de plus que l'acteur dissimulé sous un tas de feuille et dont seule la tête dépasse et qui en plus semble incapable de tenir sa respiration le temps du plan. Notre dieu cannibale mâchouille aussi pseudo bout de barbaque en gros plan pendant des plombes histoire d'être raccord avec la thématique du film. Le film réserve encore bien d'autres menus plaisirs comme l'acolyte très drama queen de notre mercenaire qui fait une grosse crise d'angoisse post guerre du Vietnam à simple la vue d'un palmier …


On trouve de tout dans la carrière de Franco, c'est franchement la Samaritaine du cinoche. Concernant Sexo Cannibal on est clairement dans le produit premier prix du bas du rayon d'un vieux discount. Plutôt que de râler sur la contrefaçon autant bien se marrer des grossiers défauts de fabrication.


Ma Note Nanar : 07/10

freddyK
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le 16 avr. 2024

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