Shadowbuilder
3.9
Shadowbuilder

Film de Jamie Dixon (1998)

Shadow Builder fait partie de ces innombrables bobines horrifiques ayant envahi les vidéoclubs à la fin des années 90 avec l’explosion du format DVD aux côtés de titres tels que Wishmaster, Les Ailes de la Nuit ou encore La Nuit des Chauve-Souris. Il fait également partie de ces titres devant lesquels je suis souvent passé à l’époque, sans jamais avoir osé les louer. Allez savoir, peut-être sa jaquette entièrement orange flashy qui ne n’inspirait guère confiance, ou la peur de tomber sur un naveton comme il y en avait tant. Mais depuis, j’ai grandi, et je n’ai plus peur de grand-chose en matière de cinéma … à part des comédies musicales mais c’est une autre histoire. Alors c’est 24 ans après que je découvre cette petite série B fauchée qui au final s’avère bien plus sympathique que prévu. Si si, je vous jure ! Je rajouterais même que j’ai passé un très chouette moment.


Beaucoup connaissent Bram Stoker pour son célèbre Dracula, adapté de nombreuses fois au cinéma, une des plus célèbres versions étant celle de Francis Ford Coppola en 1992. Mais Stoker est loin de n’avoir écrit que cela et, outre divers romans, il a également publié tout un tas de recueils de nouvelles. En 1890, il écrit le recueil Under the Sunset composé de 8 nouvelles. Parmi celles-ci, une intitulée The Shadow Builder. Un peu plus de cent ans plus tard, elle est adaptée en film par un certain Jamie Dixon, un nom qui ne vous dira sans doute pas grand-chose puisqu’il n’a réalisé qu’un seul autre téléfilm, Bats : Human Harvest (2007). Mais le bougre est bien plus connu dans le milieu des effets spéciaux puisqu’il a participé à la création de ceux de films tels que True Lies, Titanic, Flubber, Fast & Furious ou encore Prometheus. Avec un budget riquiqui, il met donc en boite assez rapidement The Shadowbuilder qui arrive chez nous directement en vidéoclub. Et quoi de mieux pour attirer le chaland, comme c’était le cas pour les adaptations de Stephen King, de bien préciser sur l’affiche Bram Stoker’s Shadow Builder. Bah oui, c’est vrai quoi, c’était bien Bram Stoker’s Dracula en 1992 et le film avait cartonné partout dans le monde, pourquoi ne pas en profiter ici également ? Bref. Je tiens à préciser que, même s’il est dit que l’adaptation qui en est faite est assez libre, je n’ai pas lu la nouvelle originale et que donc je ne jugerais le film justement qu’en tant que film. Et en tant que film, Shadow Builder est une série B plutôt solide, mélangeant plutôt bien action et horreur, avec un côté plutôt loufoque. Attention, loufoque oui, mais sérieux malgré tout, comme si le film était conscient de ce qu’il était, une série B d’action/horreur de vidéoclub, et qu’il essayait à la fois d’être sérieux et pas sérieux. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Bref, pour qui a déjà fait des soirées films loués à la jaquette avec ses potes, disons que Shadow Builder a cette aura de fin de soirée très agréable.


Dès la scène d’introduction, on nous pose une ambiance glauque assez soignée et on nous présente ce qui sera clairement un des atouts du film. Car oui, le principe d’un curé avec un flingue dans chaque main, moi ça a tendance à me caresser dans le sens du poil. Il est interprété par l’excellent Michael Rooker (Les Gardiens de la Galaxie, Henry Portrait d’un Serial Killer) et son charisme fou, sa gueule patibulaire, veste en cuir, en mode curé badass qui balance des « vas te faire foutre » à qui veut bien les entendre. Une sorte de Van Helsing des temps modernes. Le casting s’en sort honorablement dans son ensemble, même si les enfants ne sont pas forcément bien dirigés comme c’est souvent le cas au cinéma. Néanmoins, ils ne sont pas énervants comme c’est également souvent le cas. On déplorera le manque de charisme de la distribution, si ce n’est Rooker donc, mais aussi l’excellent Tony Todd (Candyman) venu faire le pitre dans un second rôle, en mode rasta / bandeau de pirate / cigare. En termes d’attraction improbable, il se pose là. Mais le film a d’autres cordes à son arc, malgré une grosse lacune : sa réalisation.


En effet, la mise en scène est assez plate, n’a aucune âme, parfois très téléfilm. On sent qu’il y a un très bon potentiel, mais il n’est pas exploité comme il devrait. On regrette qu’un réalisateur avec un peu plus de style n’ait pas été à la barre. Ça se ressent sur le méchant du film qui n’est pas des plus réussi. Il parle beaucoup et devient rapidement énervant alors qu’avec son look global et ce qu’il représente, il y aurait eu moyen d’en faire un méchant réellement marquant. Néanmoins, Shadow Builder sait se montrer efficace. Les jeux d’ombre et de lumière fonctionnent bien, permettant dans toute la première partie d’instaurer du mystère et du suspense par rapport à cette entité maléfique qui a été libérée. L’ambiance est plutôt réussie et, dans sa deuxième partie, le film passe la seconde et l’ensemble va se faire de plus en plus rythmé, sans jamais s’arrêter jusqu’au générique de fin. Certes, on a parfois le sentiment que le scénario est un peu trop ambitieux pour le budget du film, obligeant le réalisateur à mettre les meurtres hors champ la plupart du temps (il n’y a pas de scènes gores). Mais cela fonctionne malgré tout car l’ensemble se tient. Les CGI sont très dans leur époque, mais au final ils ne s’en sortent pas si mal que ça puisqu’ils ne sont pas utilisés à outrance et sont mélangés à des effets pratiques avec marionnettes et maquillages. Du coup, visuellement, ça a beaucoup mieux vieilli que si le film avait opté pour du 100% CGI comme l’ont fait certains à la même époque, bien qu’aujourd’hui, certains effets restent malgré tout bien kitchs.


Shadow Builder est une série B plutôt sympathique qui arrive à compenser ses défauts par de bonnes qualités, à commencer par un Michael Rooker génial en prêtre badass et un rythme soutenu.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
6
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le 24 mars 2022

Critique lue 25 fois

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