Sous ses airs de thriller sophistiqué, Sharper de Benjamin Caron tente de jongler avec les faux-semblants et les récits croisés.
Je dois reconnaître que la narration par personnages fonctionne bien dans les premiers chapitres : suivre séparément Sandra ou Max crée un vrai rythme, et le suspense tient étonnamment bien… du moins sur les deux premiers segments.
Mais très vite, le film révèle ses limites. Les rebondissements paraissent bricolés, presque grossiers pour un récit qui se veut réaliste : une chambre d’hôtel abandonnée en deux minutes, Sandra qui quitte un avion comme si c’était un bus… difficile d’y croire une seconde. Pire encore, je n’ai ressenti aucune empathie pour ces protagonistes trop froids et mécaniques — à l’exception de Max sans doute graçe à la prestation de Sebastian Stan), un peu moins désincarné que les autres.
Au final, tout glisse sans laisser de trace. Un thriller correct pour meubler une soirée, mais aussitôt vu, aussitôt oublié — ce qui, en soi, est déjà l’émotion que le film suscite.