She
4.9
She

Film de Avi Nesher (1982)

Parfois, on a envie de se refaire un film d’enfance. Une petite séance nostalgie. Un film qui nous avait marqué il y a 25/30 ans mais on ne se rappelle plus pourquoi. Un film dont on a d’ailleurs à peine quelques flashs assez flous, mais un film qu’on aimait. Alors on part à sa recherche et au détour d’un site de vieilleries, on tombe dessus. Un sourire en coin se dessine et quelques gargouillis se font sentir. Un peu comme si on avait trouvé le Graal. Puis on se lance dans le film, un peu fébrile, en s’attendant à faire un bond en arrière dans le temps. Et puis on aime toujours autant le film… mais pas pour les mêmes raisons. Car à l’époque, j’avais encore cette naïveté caractéristique d’un enfant de 8 ou 10 ans qui découvre le cinéma en mettant une VHS de la collection de papa, et je n’avais pas entraperçu toute l’étendue nanar de SHE, production post nuke / heroic fantasy italienne complètement folle de 1984 (ou 1982, 1983, 1985 selon certaines sources) où le non-sens absolu règne en maitre 1h40 durant. Un film qu’on imagine, avec le recul, impossible à concevoir sans avoir ingurgité ou fumé des substances illicites et, de préférence, hallucinogènes. Accrochez-vous à votre siège, ça vaut son pesant de cacahuètes !


Conan Le Barbare (1982) de John Milius et New York 1997 (1981) de John Carpenter ont donné des idées aux Italiens et bon nombre de films d’exploitations d’heroic fantasy d’un côté et post apo de l’autre ont vu très rapidement le jour. Des productions souvent lowcost qui ont fait les joies des vidéoclubs. Avi Nesher (Timebomb, Doppelganger), réalisateur / producteur / scénariste / acteur israélien s’est dit qu’il pourrait lui aussi profiter de cette nouvelle mouvance. Et quoi de mieux pour plaire au plus grand nombre que de mixer ces deux sous-genres du cinéma d’exploitation, de réaliser ça en Italie parce que c’est la mode donc, et de tourner ça en anglais parce que c’est plus facile d’exploiter ça à travers le monde ? Et si en plus on arrive à persuader Sandhal Bergman, l’héroïne du Conan, de s’embarquer dans cette histoire, c’est encore mieux ! Il est fort ce Avi Nesher, il avait pensé à tout. A tout sauf peut-être que son film serait un nanar intergalactique. Mais un nanar intergalactique de compétition, celui où tout est improbable jusque dans sa musique qui n’a jamais rien à voir avec ce qui se passe à l’écran (genre du sous Cindy Lauper sur une scène de suspense…).
Soi-disant inspiré d’une nouvelle du même nom de Rider Haggard (Allan Quatermain, Les Mines du Roi Salomon), mais n’ayant au final pas grand-chose à voir, le scénario de SHE tient sur un post-it. Et malgré tout, on n’y comprend pas grand-chose. On assiste à une succession de scènes toutes plus improbables les unes que les autres, provoquant des fous-rires nerveux, avec parfois cette impression qu’elles ne sont pas dans le bon ordre ou qu’elles s’enchainent juste parce qu’il fallait qu’elles s’enchainent. Ça en devient très rapidement hallucinant. Le pire dans tout ça, c’est que toute cette entreprise semble avoir été faite avec le plus grand des sérieux et que la mise en scène n’est pas dégueux.


Un peu de belle peinture vermillon pour le sang : check. Une paire de boobs pour respecter le cahier des charges : check. De la belle pépette légèrement vêtue pour sustenter le public adolescent : check. Mais aussi des mecs habillés en footballeurs américains, des boxeurs, des cavaliers napoléoniens, tout ce beau monde avec des croix nazies, un Frankenstein explosif, des chevaliers, un lac souterrain qui soigne les blessures quand on montre ses boobs, des lépreux à lunettes recouverts de bandelettes façon momies histoire de pouvoir réutiliser les figurants, des mecs en toge blanche avec des couronnes de fleurs sur la tête et qui organisent des boums tout en devenant des lycans, des moines moustachus arborant des faucilles / marteaux qui aiment fouetter des femmes et les marquer au fer rouge (eux aussi au visage caché pour la même raison qu’au-dessus), un géant en tutu et justaucorps moulant rose, un chirurgien façon Robespierre avec un casque de chantier pour enfant, un guerrier mi-marin mi-indien et re mi-marin derrière qui se dédouble et qui change d’accent à chacune de ses phrases, des bagarres dignes d’une bobine de Bud Spencer et Terence Hill,… La liste est encore longue, très longue, car SHE est très rythmé et le degré d’improbabilité est parmi les plus hauts qu’il m’ait été donné de voir. Et j’en ai vu des nanars, croyez- moi…
Ajoutez à cela un jeu au ras des pâquerettes, avec des acteurs qui semblent se rendre compte de ce qu’ils sont en train de tourner et qui arborent de bons gros sourires en coin. Et oui, dur de payer ses factures… Ou alors ils sont simplement mauvais, ce qui n’est pas à exclure…


SHE, c’est un nanar de compétition. Un croisement post-apo / heroic fantasy hautement improbable qui arrive à surprendre dans le nawak à chacune de ses scènes. Un film que tout amateur de mauvais films rigolos se doit d’avoir vu. A ranger du coté de The Barbarians et autres Le Justicier contre la Reine des Crocodiles.


Critique avec images et trailer ICI

cherycok
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le 26 juil. 2018

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