Vraiment, assez amusant spectacle que ce Shogun Sadism, qui décide d’entrée de jeu de jouer la carte du film choc à grand renfort de séquences de torture. On commence par de l’ébouillantage vivant, de la pendaison brutale, de la crucifixion, du brûlage sur un bûcher… Vraiment, les chrétiens bénéficient de traitements de faveurs à faire rougir d’amateurisme les inquisiteurs de The Devils. Dans ce climat de traque, la communauté chrétienne naissante, menacée, fait profil bas et tente de survivre en ne cessant de voyager dans le pays, tout en répandant la bonne parole de notre Seigneur Jésus. Mais gare à ceux qui se font chopper, car dans ces cas là, le Shogun se fâche tout rouge ! Le Shogun, c’est un japonais souffrant d’un léger embonpoint et d’un âge avancé, qui passe l’intégralité du film à gueuler d’une voie éraillée qu’il faut exterminer les chrétiens, qui sapent l’autorité et qui sont d’une faiblesse méprisable. Entre deux bouteilles de saké qu’il s’envoie dans le gosier à grand renforts de bruitages démesurément forts, il commande les exécutions à tour de bras, et se délecte du spectacle de la mort. Jusqu’à ce qu’au cours d’une exécution, il se prenne de fascination pour une chrétienne assez belle, qu’il décide de prendre pour maîtresse afin de briser son caractère et sa foi. On se retrouve alors en plein récit digne d’un marquis de Sade, où notre représentant du pouvoir ne cesse d’infliger des humiliations à sa jolie victime qui endure complaisamment et à grands renforts de gémissements surjoués tout ce que le shogun a concocté pour elle. La séquence viol est à ce titre un régal de comique involontaire, entre la chrétienne japonaise qui gémit entre le plaisir et la honte, et le shogun gesticulant sur son corps en lui postillonnant des insanités avec sa voix rocailleuse. Mais ce n’est pas tout, il faut vraiment la briser, cette chrétienne. Dans ce but, le shogun organise l’exécution publique des parents de la fille, eux aussi chrétiens. Et là, c’est un florilège de voyeurisme et de pathos qu’on nous envoie à la face. Entre la chrétienne qui supplie le shogun d’arrêter pendant que ce dernier rit d’une façon clairement exagérée, les parents, crucifiés, se font percer de toutes parts à coup de lance. Et pendant ces saillies bien gores, ils ne cessent d’exhorter leur fille à garder la foi, à rester dans la vérité. C’est une vision tellement outrancière du martyr qu’il est impossible de la prendre au sérieux, tant les souffrances infligées empêcheraient les chrétiens de proclamer leur foi. Mais ici, même avec 5 lances dans le corps, ils continuent à gueuler de tous leur poumon que tout va bien, qu’ils sont heureux ! Limite ils en redemandent à leurs bourreaux ! Et comme le suicide est proscrit par la religion chrétienne, le Shogun est assuré que notre chrétienne va tout endurer jusqu’à la fin. La seconde moitié du film s’attache au sort d’un soldat qui sent peu à peu l’éveil de la foi qui naît en lui, et qui finit par s’enfuir du palais avec la concubine chrétienne du Shogun. Une sympathique histoire de conversion, mais le réalisateur s’en moque. Il ne veut pas trop s’arrêter sur le message moral, il veut surtout faire pisser le sang. L’occasion d’un final très gore où nos chrétiens finissent en morceau. Conclusion ? Et bien on n’a pas appris grand-chose d’historique ni sur les chrétiens (si, ils sont faibles parce qu’ils n’ont pas le droit de se suicider, et ce sont des victimes en puissance, mais j’apporte un certain crédit à ce dernier fait), mais on a beaucoup ri devant cette surenchère gore, dirigée par un acteur japonais braillard qui gueule de toutes ses tripes pour bien montrer qu’il est un méchant digne de Sade ! Un sympathique divertissement d’exploitation donc, relativement peu intelligent, rare, et surtout drôle.
Voracinéphile
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le 17 sept. 2013

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