Après l'incroyable découverte qu'était Take Shelter, l'envie de se plonger dans le premier film de Jeff Nichols était vraiment très forte. Dans Shotgun Stories, le cinéaste évoque le conflit entre deux familles, mais également les liens sacrés qui unissent chaque membre de celles-ci.
D'un côté, trois frères abandonnés par leur père, au nom très simple et résumé de la sorte: Son, Kid et Boy. De l'autre, des enfants faits par l'homme qui a abandonné les trois précédents, possédant un vrai prénom et une existence réelle. Une vraie famille en quelque sorte. Si le postulat de départ semble très simple et assez manichéen, le cinéaste va nous prouver petit à petit que les trois premiers sont une vraie famille. Des frères, quelque peu rednecks, représentant l'Amérique profonde et simple. Pourtant, à travers des instants simples, le cinéaste nous montre l'incroyable sens du mot famille. Cette vie assez monotone, ils la vivent du mieux qu'ils peuvent. Et puis vient le décès du père, et la descente en enfer, entre des hommes qui veulent se faire respecter. La violence va petit à petit s'accroitre. Mais elle n'apparait que très furtivement à l'écran, voire jamais. Des morts, il n'y en aura, mais le cinéaste ne jouera que la carte de la suggestion. Nichols fait en ce sens preuve d'une énorme maturité.
Il y a également du Shakespeare chez ce cinéaste où l'ensemble est une vraie tragédie. Mais d'un calme et très posé. La nature, le paysage, la manière dont vivent les trois frères contraste totalement avec la lente descente vers la violence. Le cinéaste joue la carte de la distanciation et pourtant le signe de le repentance de Boy est d'une tension inimaginable.
Les acteurs sont excellents. Et la mention spéciale va une nouvelle fois vers Michael Shannon. La photographie est superbe et Nichols propose déjà une réalisation pleine de maturité.
Il manque peut-être quelque chose pour en faire un chef d'oeuvre, comme plus de puissance formelle et narrative. Mais le cinéaste marque déjà de son empreinte le septième art. Et ce dès le début de sa carrière, c'est impressionnant.
batman1985
8
Écrit par

Créée

le 21 janv. 2012

Critique lue 2.2K fois

38 j'aime

7 commentaires

batman1985

Écrit par

Critique lue 2.2K fois

38
7

D'autres avis sur Shotgun Stories

Shotgun Stories
Gothic
7

Brothers in Arms *

C'est la fleur au fusil que je me lance dans le visionnage du premier film de Jeff Nichols. Rassuré en un sens par son travail impeccable sur "Mud", premier contact avec ce cinéaste, j'ai toutefois...

le 7 sept. 2014

52 j'aime

7

Shotgun Stories
batman1985
8

Un premier film incroyable

Après l'incroyable découverte qu'était Take Shelter, l'envie de se plonger dans le premier film de Jeff Nichols était vraiment très forte. Dans Shotgun Stories, le cinéaste évoque le conflit entre...

le 21 janv. 2012

38 j'aime

7

Shotgun Stories
Lilange
8

Sang pour sang

Pour son premier film, Jeff Nichols nous plonge au fin fond de son Arkansas natal. Milieu rural et conditions difficiles. D’abord chez ces trois frères, dénués de noms propres : Son, Kid et Boy. Des...

le 29 mai 2016

33 j'aime

2

Du même critique

Manhattan
batman1985
5

Je n'accroche décidément pas...

Je vais certainement me faire encore des détracteurs quand j'attaque du Woody Allen et notamment un des film important du cinéaste. Je vais pourtant tenter, une fois encore, d'expliquer ce qui ne me...

le 8 juil. 2012

46 j'aime

1

La dolce vita
batman1985
5

Critique de La dolce vita par batman1985

Ah cette Dolce Vita, dur dur de passer à côté quand on se dit cinéphile. D'autant que la réputation de ce film est grande. Récompensé par une palme d'or à Cannes, l'oeuvre de Fellini est un...

le 6 mai 2011

43 j'aime

3

Le Grand Rasage
batman1985
9

Critique de Le Grand Rasage par batman1985

Voilà probablement l'un des plus grands court-métrage de tous les temps! Une oeuvre formidable de quelques minutes qui dénonce, sans jamais qu'on ne la voit, la guerre du Vietnam. Pas une seule...

le 6 mai 2011

40 j'aime

4