All about Eve au royaume de la danse exotique, Showgirls est un film excessif, caricatural aussi bien dans ses dialogues que la dans la direction d'acteur du bon Paulo, qui en a profité pour ruiner plus d'une carrière.
Dès lors, la relative rédemption critique du film ces derières années (et de Verhoeven) interroge : il y a t'il un propos plus subtil derrière le strass, les paillettes et les boobs, est-ce simplement une opération parmi d'autres de la requalification du mauvais goût en "cool" ?
Pour un film aussi porté sur le sexe, il n'est absolument pas sexy. Les rapports sexuels sont ridicules, violents, et il semble assez difficile de penser que Verhoeven ait cru tourner des scènes érotiques ; elles doivent donc poursuivre un autre objectif que la titillation du spectateur, et il me semble que celui-ci est satirique.
Notre héroïne Nomi poursuit ainsi le rêve de se faire reine de la danse exotique, beaucoup plus légitime à ses yeux que le strip-tease et avant tout que la prostitution. Dans la hiérarchie du commerce sexuel, les rapports les plus directs sont les plus infâmants ; pourtant, il faut bien y ressortir pour en grimper les échelons.
Au-delà d'une satire de l'hypocrisie des industries de la performance (car elle pourrait tout aussi bien s'adresser à Hollywood), le propos peut s'étendre aux relations sexuelles, notamment hétérosexuelles, qui semblent avant tout caractérisées par la manipulation.
La réconciliation finale de Nomi et Cristal le montre bien : le véritable ennemi est le système qui les exploite, le jeu dont elles ont cru pouvoir instrumentaliser les règles et qui finit par les broyer.