Le film paraîtra long et ennuyeux à beaucoup tant il semble se cantonner à enchaîner des scènes du quotidien, à priori sans grand intérêt, sans réels enjeux scénaristiques autres que la réparation du chauffe eau du personnage principal (j'exagère à peine). Le personnage que l'on suit est une artiste taciturne, qui n'a pas l'air très épanouie et n'exprime pas beaucoup d'émotions.

J'ai donc eu un peu de mal à me prendre au jeu et à m'intéresser à cette histoire au départ, jusqu'à ce qu'un pigeon me fasse miraculeusement entrer dedans pour ne plus me laisser en sortir jusqu'à la fin du film.

J'ai ensuite savouré chaque ligne de dialogue, chaque détail de ce quotidien si banal et si fascinant à observer à la fois, chaque plan sur les très belles sculptures et autres oeuvres d'Art, chaque interaction avec les seconds rôles, tous plus truculents les uns que les autres.

Le contraste entre la banalité du quotidien et le foisonnement autour de la création artistique au sein de cette école d'Art est intéressant car il vient démythifier l'artiste, souvent représenté au cinéma comme un génie exubérant qui mènerait une vie passionnante à chaque instant.Pas très fan de Michelle Williams (je n'ai jamais eu grand chose à lui reprocher mais je n'ai jamais trouvé qu'elle crevait l'écran non plus, à part dans The Fabelmans), j'avoue qu'elle m'a agréablement surpris, même si, une nouvelle fois, je l'ai peut être vue un peu trop "jouer".

A l'inverse, Hong Chau, qui avait été ma seule source de satisfaction devant l'horrible The Whale, confirme ici son talent. Quel naturel !

J'avais adoré First Cow, le précédent long métrage de la réalisatrice, celui-ci se rapproche davantage de Certain Women, dans lequel j'avais également eu du mal à rentrer, mais l'on ne peut que reconnaître le talent de Kelly Reichardt et sa volonté de proposer un cinéma exigeant et de qualité. 

Parce qu'il me reste en tête depuis que je l'ai vu il y a deux jours, et parce que plus j'y réfléchis pour écrire cette critique, plus je le trouve intelligent et réussi, j'en arrive à la conclusion que Showing Up fait partie de ces grands films aux airs de petits films.

Fenetre_sur_salle
7

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le 15 août 2023

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