Aujourd’hui, nous sommes tous habitués à la rapidité de l’information. A recevoir les derniers news dans l’heure, voir les minutes qui la précède. Tout doit être prompt. Seulement, ce désir est un luxe que nous, Occidentaux pouvons-nous permettre, là où beaucoup d’autres peuples ne le peuvent, ou ne le veulent pas. Maintenant, imaginez une ville, qui de part sa géographie et les conflits politiques, ne peut se permettre de connaître le monde extérieur ? Bienvenue au Caucase, dans l’auto proclamée république du Haut-Karabagh, non ce n’est pas une invention, mais une réalité, et le personnage principal, le Français Alain, est alors dépêché pour expertiser leur premier aéroport, passerelle vers le monde, barré par des frontières militaires. Mais de nombreux embûchent attendent Alain, et l’ouverture de cet aéroport risque d’être bien plus complexe que prévu…


Premier film de la franco-arménienne Nora Martirosyan, cette œuvre dépeint le quotidien de Alain, dans ce pays, juridiquement situé sur aucune cartes, tentant coute que coute d’ouvrir cet aéroport. Lui est français, et doit ingérer la culture de ce pays, matérialisé par un petit garçon, coupant illégalement par l’aéroport pour plus vite vendre son eau. Le paysage dépeint ici est en constant décalage, entre notre personnage principal, bien campé par Grégoire Colin, de nature Occidental, devant se confronter, pour l’aéroport, à une architecture moderne, contrastant avec la ville. Aussi aux gens qui peuplent ces rues et ce lieu, pleins d’espoir et vivant encore sous le joug de l’armée, les bloquant. Il y a de la métaphore et même de la satire dans ce discours, qui changera entre chaque spectateur. Sentiment renforcé par un acteur principal absent, car décalé. Le cadre est d’ailleurs souvent bien composé et propose de belles images, souvent en contraste. Comme cet aéroport contemporain, contrastant avec une campagne plus rurale. Malheureusement, le rythme ne suit pas. Le script est un peu boursouflé voir parfois prévisible, et l’on sent que tout n’a pas pu ou su être délivré pour quelque raison que ce soit, ce qui est dommage. Surtout que le ton est assez inégal lui aussi, un coup presque comique, un autre dramatique, puis d’un coup, pathétique, etc.… La réalisatrice ne semble pas réellement savoir sur quel pied danser, malgré le fait que cela ait, finalement, un rapport avec le propos de l’œuvre. Seulement, ce n’est pas parce qu’une action est bien attentionnée qu’elle réussit à tous les coûts, même si ce ton inégal reste très subjectif. Cependant, il reste purement intéressant tant son histoire est sincère, et même, purement original. Donc, a découvrir.


Ainsi, l’on est devant une œuvre singulière, qui ne prend pas, de par son histoire et son ton les chemins balisés, ce qui peut en déranger plus d’un. Cependant, l’on est face à une réalisatrice sincère, qui a clairement un discours à développer et qui propose, quoi que l’on dise, une histoire originale qui ne manque pas de cran. Une certaine satire, qui ne séduira pas tout le monde, mais qui reste ingénieux. Une nouvelle artiste à découvrir en somme.

Vacherin Prod

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